Anne Paceo – S.H.A.M.A.N.E.S (2022)
L’album attendait en haut de la pile depuis pas mal de temps et sans cesse remplacé par un autre, allez savoir pourquoi, peut-être ces points insérés jusqu’ à l’intérieur des mots, comme s’il fallait militer à ce point pour l’écriture inclusive, dont elle est une adepte convaincue. Évidemment je n’ai rien contre les causes que soutient ce combat, mais faut-il le mener au détriment de la lisibilité ?
Évidemment ça n’enlève rien à la qualité de l’album à défaut d’y ajouter quelque chose. Il faut dire qu’ils sont tous là, ceux de sa fine équipe, avec même Marion Rampal qui ajoute et combine sa voix à celle d’Isabel Sörling, que l’on a pu écouter aux côtés de Paul Lay récemment, en espérant bientôt un album.
Voici les habitués, Christophe Panzani au saxophone et à la clarinette, Benjamin Flament au métallophone et à la batterie, Tony Paeleman au piano et à la « bass station » est-il noté sur la pochette, et bien sûr Anne à la batterie et au chant également.
Les voix sont dominantes sur cet album, elles se combinent en un chant merveilleux très à l’avant de la musique et sont portées par l’ensemble des musiciens. D’une certaine façon on quitte un peu les territoires « jazz » pour glisser vers des territoires frontaliers, assez souvent, mais cela n’a guère d’importance car le travail est d’orfèvre et la puissance rythmique équilibre bien l’ensemble.
Par deux fois des thèmes d’inspiration ibère ou tribales viennent un peu nous bousculer pour le meilleur, « Piel » et « Travellers » qui se distinguent, évidents et immédiats. Il y a « Wide Awake » qui ouvre l’album, militant également. Avant la parution de cet album, Anne Pacéo a su s’ouvrir au rap lors de quelques concerts, pour le meilleur, m’a-t-il semblé, un axe sans doute à creuser, à la suite de Naïssam Jalal.
Un album plutôt réussi donc, dans une veine entre jazz et « pop » lancinante, on saluera la qualité des musiciens que j’aurais aimé, à titre personnel, entendre plus souvent dans le cadre de véritables solos, mais peut-être faut-il s’effacer afin de ne pas trop nous réveiller ?