Samsara par Claire Magenta
Comme son nom l’indique (en grec Kat Onoma…), Yakuza nous vient de Chicago ! A l’origine formé d’un trio hardcore, la formation au gré du temps, en plus d’étoffer le nombre de ses musiciens, va parallèlement ouvrir un peu plus son éventail d’influences et tourner avec quelques « poids lourds » de la musique extrême (au sens large) : Opeth, The Dillinger Escape Plan ou Mastodon.
Quand bien même les groupes cités précédemment n’ont sur le papier que peu de points communs, le groupe a su tirer parti de ces diverses expériences et prendre certains traits de caractère propre à ces formations, en premier lieu, l’ouverture. Ce qui frappe à l’écoute de leur troisième album, Samsara, est justement cette propension à digérer plusieurs influences, parfois contradictoires, qui vont du hardcore metal, jazz, progressif voire même du grindcore. A ce titre, la chanson qui introduit cet album, Cancer Industry, permet un rapide aperçu du savoir faire du combo. En trois minutes montre en main, nous dégustons une rythmique plus ou moins tribale, accompagnée par un saxophone en guise d’ouverture, des riffs cataclysmiques bien cassants aux structures déconstruites, un chant hurlé et une dernière partie proche d’un grindcore des familles. Ce qui pouvait ressembler à une entreprise indigeste, maladroite ou tout simplement ratée, se voit rayé d’un seul trait dès ce premier jet concluant.
Contrairement à d'autres groupes issus de la scène metal, saluons l’influence du hardcore au détriment des plans métalliques boursouflés de quelques confrères se réclamant aussi du jazz… qui s’en plaindra ? Car si influence du jazz il y a, celle-ci ne provient en effet jamais de l’écoute prolongée d’anciennes formations de jazz-rock des 70’s, à la différence des confrères adeptes de metal prog. Au contraire, Yakuza s'inspire par moment des grands noms du jazz libertaire, à savoir ce goût prononcé pour les rythmiques sauvages et déconstruites. Et s'il ne faut pas s’attendre au saxophone incandescent du Fun House des Stooges, les plages jouées par ce dernier étant principalement planantes, ceux qui connaissent l'excellent Modus Vivendi des angevins Zenzile apprécieront cette ressemblance fortuite.
A cela, vous ajoutez un chant nuancé, aussi à l’aise dans le style rageur qu’apaisé, on serait tenté de penser qu’on tient quelque chose d’exceptionnel. Et on s’en rapproche. Mais ombre au tableau, le groupe a tendance à se répéter. Ne gâchons pas cependant notre plaisir, c’est suffisamment rare d’avoir entre les mains (et les oreilles) des musiciens aussi ouverts, maniant avec maestria autant d’influences différentes. A noter que la pochette et son bonze ressemble à un joli piège, on est très loin d’une ambiance lounge propre au fumeux Buddha bar.