Hermétique, sans queue ni tête, incohérent, inaccessible : voilà quelques qualificatifs dont on pourrait aisément affubler la musique d'Igorrr de prime abord. Il faut dire que sur le papier ce mélange puissamment baroque (dans toutes les acceptions du terme) de Metal extrême technoïde teinté de World Music et généreusement saupoudré d'une douce folie furieuse a de quoi rebuter les plus réfractaires aux expérimentations sonores. Il n'en est pourtant rien.
Loin de s'enfermer dans une posture artistique prétentieuse, le musicien fait plutôt preuve d'un recul salvateur et d'un second degré qui lui permettent d'échapper aux poncifs pompeux et pompant de certains de ses confrères. Ici, point de volonté d'épater la galerie. On perçoit une véritable envie d'emmener l'auditeur dans un voyage haut en couleur au cœur d'un territoire loin d'être hostile.
En guise de jalons, on trouvera ainsi toujours un riff ultra-accrocheur, une mélodie superbe ou un gimmick efficace qui permettra de trouver son chemin dans le dédale de compositions ambitieuses mais jamais prétentieuses. Voilà le fil d'Ariane qui donne toute sa cohérence à Savage Sinusoide : toute déroutante qu'elle soit, l’œuvre accorde à l'auditeur de véritables moments de grâce et de pure beauté. Nous sommes le scaphandrier de "Opus Brain" : explorateurs d'une Terra Incognita fascinante.
Merci à Dam et Tom du podcast Écoute ça ! pour la découverte.