Autre somptueux bâtard des Yardbirds, ce groupe mythique connût dans sa formation à la guitare Eric Clapton, Jimmy Page et Jeff Beck, rien que ça. On connait un peu moins Renaissance, et pourtant ce groupe a une histoire unique, mais dans le genre assez banal dans l'univers rock. Les changements de membres sont tels que le projet tangue dans les années 70. Et pourtant, Scheherazade and Other Stories est une perle méconnue qui sort en 1975 alors qu'aucun des membres originaux l'a produit. Personne ne saurait dire ce qui a motivé les successeurs d'achever quelque chose qui ne les appartenait pas et pourquoi celle-ci est devenu un objet précieux qu'on découvre au hasard des écoutes tout en tombant sous le charme.
Quelle audace pourtant, mélanger le rock progressif et la musique classique. On ne se rend guère compte du culot que Renaissance a eu avec le recul, le prog rock se mêlait avec tellement de genres qu'il en perdait son identité...
Peut-être qu'il faut avoir lu un minimum les Conte des 1001 nuits pour avoir un minimum d'imagination, ou peut-être pas. Il y a quelque chose de littéraire dans cette oeuvre indescriptible, sans doute porté par la voix féminine de Annie Haslam et d'une formation classique qui fait qu'on ne sait plus trop ce qu'on s'est mis à l'oreille.
Toujours est-il que tout est fluide, on se sent emporté par l'histoire de Shéhérazade, même si l'ambition aurait pu se porter plus loin en exploitant un peu plus les figures mythiques orientales que la jolie princesse conte à son geôlier. Après tout, qui sommes-nous pour juger cela ?