Les Canadiens se sont accordés la plus longue pause de leur carrière avant de sortir leur sixième album studio. Bien leur en a pris puisque Screaming Bloody Murder relance pleinement les Sums après le décevant Underclass Hero.

Produit, écrit et composé par Deryck Whibley, cet opus marque l'affranchissement du groupe du style "radio/MTV" dans lequel les ex-enfants terribles d'Ajax, Ontario commençaient à s'essouffler. Exit donc les chansons taillées pour les charts, le chanteur a voulu se faire plaisir et explorer de nouveaux horizons.

Pour faire simple, Screaming Bloody Murder a une sonorité proche de Chuck ou Half Hour of Power. On retrouve par contre le bon niveau d'écriture de Underclass Hero (seule satisfaction du précédent album). L'ambiance générale y est noire, pesante, peut-être influencée par la vie privée mouvementée de Whibley, bien que ce dernier s'en soit toujours défendu. Les riffs sont en effet lourds, simples mais terriblement efficaces. L'entrée batterie/guitare de Reason to Believe nous met d'ailleurs parfaitement dans l'ambiance. Concernant les textes, Deryck a su les mettre en avant grâce à bon nombre d'intros et d'outros guitare/voix ou piano/voix et des couplets au tempo lent semblables aux Pixies ou Metallica. La ligne de chant est épurée et on passe du murmure à la voix énervée avec une aisance que l'on ne connaissait pas à notre Canadien de poche.

Comme soulevé précédemment, Screaming Bloody Murder débute avec Reason to Believe, un titre au début sobre et brutal, qui précède une partie plus rapide pour se terminer au piano/voix. Une chanson qui résume l'opus dans son ensemble. Vient ensuite le morceau-titre de l'album qui ravira les fans de la période 2001-2002 du groupe. Le troisième titre, Skumf*k, débute avec une longue intro en guitare PM/voix assez inquiétante pour finalement s'emballer ; un titre taillé pour la scène. Time for You to Go et Baby You Don't Wanna Know, écrits pendant l'enregistrement de l'album et à l'atmosphère plus légère, semblent être influencés par Oasis. Jessica Kill abandonne le ton mélancolique de l'album pour un ton plus énervé comparable à Billy Spleen. Vient ensuite Dark Road out of Hell, construit en 3 titres de 11 minutes au total (à l'image d'un St. Jimmy de Green Day), qui marque le passage le plus sombre de l'album mais aussi, à mon humble avis, le point culminant de l'opus. Il est entouré de What Am I to Say et Crash, deux balades qui se révèlent aussi être les deux déceptions du CD : insipides et inutiles, le groupe s'est à nouveau cassé les dents sur le genre balade mid-tempo après les échecs Pieces, Look at Me ou Best of Me. Mais poursuivons avec Blood in My Eyes, nominé au Grammy Award, que Metallica n'aurait pas renié. L'avant-dernier titre, Back Where I Belong, sonne comme Jessica Kill. L'album se termine avec Exit Song, un titre tout en douceur qui clôt parfaitement l'ensemble.

On l'a donc compris, les Sums sont revenus à un son plus dur et plus simple, caractéristique de leur véritable identité, quelque part entre Rock et Melodic Hardcore. L'alchimie est par contre un peu bousculée par Time for You to Go et Baby You Don't Wanna Know qui auraient peut-être dû être intégrés comme morceaux-bonus. Ajoutons à cela les déceptions ressenties à l'écoute des deux balades et Screaming Bloody Murder manque le 10. Un 9 peut paraître exagéré, mais les promesses que marquent cet album sont à mon avis suffisantes pour justifier cette note. Plus qu'un album de la maturité, il marque le renouveau du groupe qui trace désormais son propre chemin.
AndreaPontalto
9
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le 18 nov. 2012

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Ndee Sev'n

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