Le sifflement addictif de Young Folks, un temps symbole suprême du morceau branché, cool et émouvant quand même, aurait pu occulter la dimension curieuse voire aventureuse du trio Peter Bjorn And John. Pour cet album instrumental en édition limitée, qui succède à l’échappée décevante de Peter Morén (The Last Tycoon, 2008), les Suédois auraient puisé dans leurs souvenirs des frustrations et des joies des orchestres d’écoles. C’est flagrant pour le titre d’ouverture, Inland Empire, qui sonne comme une bande originale de film Blaxploitation 70 jouée par des amateurs ou pour Say Something, mélodie calypso enfantine. Et que dire des flûtiaux et de l’envolée orchestrale à moitié fausse de Needles and Pills, qui évoque du Arcade Fire trop bourré pour jouer convenablement ? Le sommet est atteint avec l’excellent et bien nommé School Of Kraut, dans lequel on retrouve blocs de percussions, traits de violons, guitare entêtante et batterie binaire. Autre direction de Seaside Rock et autre chemin détourné vers l’enfance, trois morceaux intègrent un monologue, à chaque fois dit dans le dialecte de la région d’origine de l’un d’entre eux. Enfin, les titres restants sont des visions volontairement naïves de références avouées, comme Ennio Morricone (At The Seaside). Bien qu’élaboré dans un studio longuement fréquenté par Abba, le son de l’album n’est pas trop lissé pour conserver cette spontanéité supposée de l’enfance. Le disque aurait été interprété par des gamins, on aurait crié au génie. Là, on ne sait plus trop si on est touché ou simplement légèrement amusé. (Magic)
Avec un titre comme Young Folks, Peter, Bjorn et John étaient devenus la sensation du moment, notamment grâce à sa jolie mélodie sifflotée. Mais avant de nous offrir une suite à la hauteur de ce précédent album, les Suédois se sont accordés un interlude instrumental avec "Seaside Rock", disponible uniquement en vinyle et MP3.Le titre du premier morceau, Inland Empire, laisse penser que l’on va rapidement se retrouver dans quelque chose de proche de la bande-son du film oppressant de David Lynch. Impression trompeuse, puisque Peter, Bjorn et John nous proposent plutôt une excursion du côté du groove façon Lalo Shifrin avant de bifurquer vers les ambiances caribéennes de Say Something (Mukiya). Les Suédois passent allègrement d’un style à l’autre, que ce soit du côté de l’introspectif et ambiant Barcelona, de l’emphatique Needles And Pills qui ferait presque de l’ombre aux Canadiens d’Arcade Fire, ou encore du folk morriconnien de At The Seaside. Au milieu de cette écriture brillante se trouvent trois morceaux particulièrement réussis, sur lesquels viennent se poser un monologue parlé en suédois, venant apporter une touche de mélancolie et de nostalgie dans un disque déjà bien remplie en explorations. On sent bien là l’envie de se ressourcer, le besoin d’un retour sur soi et d’approfondissement ; une parenthèse nécessaire avant un prochain album que l’on imagine très attendu. Après un disque pop à succès Peter, Bjorn et John s’en sortent plutôt bien avec ce disque instrumental aux atmosphères variées. On attendra certainement beaucoup plus de son successeur, mais pour patienter celui-ci devrait satisfaire l’avidité de ses fans ainsi que les oreilles les plus curieuses. (indiepoprock)