Self/Entitled par lehibououzbek
Depuis 1997, NOFX nous sort un album tous les trois ans. C'est devenu la mesure-étalon chez eux. Après un bon Coaster sorti en 2009, Fat Mike et sa bande de joyeux drilles reviennent dans la place avec Self Entitled; un album qui sent la fin. Je dis "qui sent la fin" non par rapport au contenu mais juste en regardant le titre-même de l'album. En général les groupes commencent leur carrière par un album éponyme. NOFX fait tout le contraire. Serait-ce donc le début de la fin pour les californiens ?! C'est mon avis. Je ne connais que trop bien NOFX et quand j'entends Fat Mike chanter sur l'album, on sent qu'ils viennent saluer leur public par un ultime album. J'espère me tromper.
Bref, ce Self Entitled contient 12 titres bombardés en à peine 30 minutes. Là aussi c'est la mesure-étalon du groupe; un punk-rock qui va droit à l'essentiel. On n'en demande pas plus. Aucun morceau ne sort du lot, aucun morceau ne dépareille à l'ensemble; c'est cohérent mais, ayant tous les albums du groupe, ça ne sonne pas 'NOFX' comme d'habitude. Y a un je-ne-sais-quoi qui a changé mais je ne saurai l'expliquer après une première écoute. Je sens comme une espèce de retenue sur certains morceaux, non en puissance, mais en folie. Les années d'excès en tous genres auraient-elles calmé NOFX ?! Les titres sont moins rentre dedans, moins provocateurs (quoique Ronnie & Mags..). Les angles ont l'air d'être plus arrondis et les arêtes moins taillées en pointe. C'est toujours aussi impliqué mais avec de la rondeur. Qui s'en plaindra ? C'est là aussi l'évolution dans un groupe; savoir jouer avec les paroles sans paraître à chaque fois les rebelles sans cervelle.
De la cervelle, Fat Mike n'en manque pas justement. Il est comme à l'accoutumée, le principal artisan des chansons et compositions du groupe. Que vous preniez Punk in Drublic, So Long and Thanks for All the Shoes ou encore The War on Errorism, les textes envoient. Tout le monde ou presque est passé à la moulinette, tous les thèmes sont abordés avec le californien. Ici sur Self Entitled, ça ne déroge pas de la règle. La religion (thème récurrent), la croyance, la politique sont au-devant de la scène. Faut dire qu'habiter aux states et là plus particulièrement en Californie, y a comme dirait de la matière. Et comme ils sont sur un label indépendant - Fat Wreck Chords - créé Michael Burkett, alias Fat Mike, pas de soucis de censure puisqu'ils sont leurs propres juges. Ce qu'on pourra au moins ne pas reprocher à NOFX c'est de ne pas faire partie a contrario de nombre de groupes de punk, de majors aux dents longues, auxquelles ceux-ci ont vendu sinon leur cul, du moins leur âme. Je ne les citerai pas mais la liste est longue comme le bras.
Donc ici règne l'indépendance et la libre parole. C'est aussi ça qui me plaît dans cet album (dans tous leurs albums en définitive). Pouvoir dire et chanter des textes sans avoir peur d'être mis sur le banc des accusés à la maison-mère. Ça fait partie de l'essence-même du punk que de revendiquer des idées et de se positionner comme un pourfendeur de l'establishment. Et pour ça NOFX n'est pas le dernier.
Ainsi cet opus ne déroge à la ligne de conduite de NOFX. Depuis leur premier LP en 1988, ils ont pris la ligne droite pour justement aller à l'essentiel. Pas de chichis, pas de blabla, pas de retournement de veste. Rien de tout cela. Force est de constater que leur carrière a été somme toute garnie de jolis albums, bien vitaminés, remplis de lyrics qui en disent long sur leur(s) intention(s); celles d'être des artistes qui osent dévoiler ce que la majorité n'ose dire.
Highlights: I Believe in Goddess, Ronnie & Mags, Down With the Ship et Xmas Has Been X’ed