A 11 ans, si l'on en croit sa bio, Findlay Brown voulait s'engager dans l'armée. Dix ans après, il jouait du rock bruyant dans un groupe obscur quand il s'aperçut qu'il avait plus de facilité à imiter le Blackbird acoustique des Beatles qu'un riff métallique des Stooges. Son premier album, étonnamment mûr, commence par un très doux I will. Ce n'est pas une reprise de la chanson de Paul McCartney, mais on se pince quand même. Est-ce qu'on ne serait pas tombé sur la réédition d'une perle oubliée de 1971, comme il en pleut régulièrement ? But you love me, très british folk, ne dément pas. Avec Down among the dead men, on est « au fond de la mer » où des macchabées poursuivent notre infortuné troubadour, et déjà au pic de l'album, avec un faux air du Play with fire des Stones circa 65. De fil en aiguille, ce garçon taciturne aux manières pas tellement d'aujourd'hui nous rappelle un autre Browne, Duncan de son prénom, qui ouvrageait dans l'ombre une délicieuse pop baroque post-Beatles à l'époque susdite. Pas d'orgies de hautbois et clavecin ici, mais quelques glissandos de cordes (The Loneliness I fear), joliesses à la Donovan (Come home), voire Moody Blues allégé (Losing the will to survive). Jusque-là ses variations sur la distance amoureuse frisent un genre de perfection sépia. Le reste étiole un peu son charme, donc l'animal pourra mieux faire encore. FG
Avec son passé de petit dur du Yorkshire (combats de boxe avec les gitans du coin, bagarres en mob, LSD), on se serait plutôt attendu à ce que Findlay Brown tourne hooligan ou qu’il écrive une musique morveuse à la Gallagher : du rock du Nord de l’Angleterre cogneur, grande gueule et revanchard. C’était sans compter sur une prise d’acide décisive, qui lui a ouvert très grand les oreilles sur Electric Ladyland d’Hendrix. Il ne devient pas pour autant un fana du solo avec les dents et du psychédélisme miaulant mais reçoit à cet instant l’inspiration divine. Il reconsidère ses vues sur la guitare qu’il tenait jusque là comme un truc de vieux et devient un de ces obsessionnels de 1967, achetant n’importe quel disque pourvu qu’il soit millésimé de cette année. C’est dans le folk de cette période, et dans des amours compliqués, que Findlay Brown va tirer l'inspiration de son premier album, Separated by the sea. Un disque simple et fulgurant, où l’ex-lad dévoile sa vulnérabilité, ose l’émotion, tous ces trucs sentimentaux qui lui vaudraient de se faire caillasser par ses anciens camarades petites frappes s’ils le croisaient aujourd’hui dans la rue. Cet album sublime, écrit dans l’espoir du retour d’une fille partie loin, parle en effet d’amour, de solitude et d’abandon mais aussi de mort, d’enfance, de blessures. Separated by the sea est chargé de mots graves, en adéquation avec une musique douce et mélancolique, traversée de fantômes magnifiques (Nick Drake, Crosby, Stills & Nash, Love, Gene Clark…). Les arrangements subtils, les chœurs d’une tranquillité presque religieuse, la production aérienne du Simian Simon Lord le rendent intemporel. A son écoute, la jeune fille lointaine, à moins d’être une chimère, n’a pu que revenir au bercail en pleurant. (Inrocks)
Décidément, il faut toujours garder un œil attentif sur les sorties Peacefrog, label londonien qui, nouvelle politique artistique oblige, prend un malin plaisir à recruter les descendants de Nick Drake les uns après les autres. Ainsi, après le Suédois José González, voici Findlay Brown, songwriter natif du Yorkshire au sex-appeal indéniable, comme l’atteste la réaction de la gent féminine à son endroit. S’il n’a pas inventé la machine à cambrer les bananes, l’homme impressionne par les trésors acoustiques qui se succèdent sur son premier album, visiblement inspiré par la séparation et les peines de cœur (The Loneliness I Fear). À la manière des Kings Of Convenience qui ne se sont jamais remis de la découverte de Simon & Garfunkel, Findlay n’envisage la musique qu’à travers le folk des années 60/70, un prisme qui lui permet de caresser les oreilles de l’auditeur dans le sens du poil (Tonight Won’t Wait). D’aucuns se demanderont comment peut-on paraître aussi vieux jeu en étant si jeune ? La réponse est certainement à chercher du côté de cette voix atemporelle (Come Home), qui ne surjoue jamais la tristesse qui accable visiblement son chanteur. Et si l’entraînant single Losing The Will To Survive n’est pas sans rappeler le classique Pass It On de The Coral, savoir que Brown s’amuse à reprendre Just Like Honey des reformés Jesus And Mary Chain en dit long sur les ressources d’un homme qui s’est fait connaître à travers une chanson intitulée Don’t You Know Why I Love You. En hommage à une fameuse déclaration du génie Éric Cantona ? (Magic)
Comment ne pas tout pardonner à un artiste qui cite Crosby, Stills & Nash, The Band ou encore Jackson C. Frank comme influences principales ? Lorsqu'on connait l'amour que je porte à ces groupes, on ne sera pas étonné que je me sois jeté sur cet album de Findlay Brown séance tenante. Toutefois, la biographie du chanteur n'est pas lisse. Avant de parvenir à ce très bel album de folk, Brown s'est cherché, du purisme pop sixties-une obsession toute avouée pour les Beatles-à la musique électronique ou à l'expérimentation sonore. Après ces années de décibels et de distorsions qu'il fit subir à son antique Gibson 335, Brown a souhaité retrouver des climats acoustiques et purs. Cette quête aboutit à ce "Separated by the Sea ", et un certain nombre de morceaux de l'album sont de vrais bijoux. "Come Home", ballade sidérante de simplicité, traversée de pedal steel (qu'on retrouve également sur "Tonight Don't Wait"), évoque les meilleurs moments de Neil Young. Tant d'images surgissent à l'écoute de ce titre, comme les fantômes d'une Amérique telle qu'on la rêvait dans les sixties. "I Will" est du même tonneau, avec ses harmonies vocales de très haute tenue. Findlay Brown, responsable d'une grande partie des instrumentations de l'album, incorpore des percussions variées sur "Losing the will to Survive", et signe, sous la baguette de Rupert Christie, de très beaux arrangements de cordes sur "The Loneliness I Fear", qui ne peut manquer de rappeler "Fives Leaves Left" du baladin maudit Nick Drake, ou encore les premiers disques de Tim Buckley. Les cordes se font plus aventureuses sur "Paper Man", et viennent compléter très habilement les voix encore une fois parfaites. Bien qu'il ne révolutionne pas le genre, Findlay Brown prouve par son album que le rêve américain existe encore. Le 8 août prochain, un nouvel extrait de l'album, l'excellent "Down Among the Dead Men", sort. On va enfin pouvoir passer l'été dans de bonnes conditions.(Popnews)