Encore une de ces immenses pièces atonales entièrement vidées de leurs meubles et emplies de suites d’accords pianotés se succédant au ralenti avec beaucoup de résonances réverbérées, suggérant un recueillement compassé, en essayant de faire croire que le silence entre les notes est aussi de Steve Roach. Soit vous êtes friand de ces albums de guérison texturale qui sont pour vous autant de sanctuaires introspectifs, soit vous trouvez ça pompier, répétitif et un peu barbant. Quitte à penser que vous feriez à peu près pareil, voire carrément moins pire, en empruntant l’orgue Bontempi de votre petit-neveu hyperactif. Erreur à ne pas commettre : vous mettriez alors le doigt dans un engrenage fatal, qui vous mènerait à produire votre propre médecine sonore. Et vous cesseriez d’écouter Steve, pour vous écouter vous. Le risque étant de sombrer dans ce que Castaneda appelle l’auto-contemplation : « On est vide, et on ne peut pas se remplir avec de l’auto-satisfaction. Surtout pas, en fait. Car l’auto-contemplation est précisément ce qui empêche Dieu (l’état naturel) d’être présent. On essaie de se remplir de la pensée de soi, ce qui est impossible puisque la pensée est vide, comme le soi, mais le problème c’est qu’en attendant la place est prise, même si c’est par un fantôme. » (Flopinette de la Croisette, in « L'espoir n’est pas un steak » circa 2006)
On a largement le temps d’épuiser ces concepts pendant l’exécution, capitale, de Night Ascends, la seconde oeuvre du disque, qui fait 01:18:25 à elle toute seule, et qui ressemble bigrement à d’autres pièces profondément neurasthéniques de Steve comme « A Deeper Silence », ou « Darkest Before Dawn », ou encore « Throw this dark ambient CD away or my mother will shoot » mais je ne les connais pas tous par coeur, les ayant enclos dans un petit cabinet dont j’ai jeté la clé.

john_warsen
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le 2 févr. 2022

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