Avishai Cohen Trio – Shifting Sands (2022)
Cet album a été conçu pendant le confinement, Avishai Cohen a essayé d’utiliser au mieux les circonstances, en utilisant ce temps qui lui était donné au service de la composition, ainsi ces pièces sont nées sous ses doigts, au piano. Une tournée Européenne a ensuite été organisée dès que possible, la chaîne Mezzo en a télévisé un que j’ai pu visionner.
Avishai s’est à nouveau tourné vers le trio, cet art difficile tout de contrôle et d’équilibre, de justesse et de communication. Jusqu’alors « Gently Disturbed » de deux mille huit semblait indépassable, avec deux grands musiciens très complices, Mark Guiliana à la batterie et Shai Maestro au piano. « From Darkness » sorti en deux mille quinze n’avait pu rivaliser, sans doute un peu trop froid avec des compos moins addictives, Daniel Dor était à la batterie et Nitai Hershkovits au piano.
Et bien, pour « Shifting Sands », Avishai parie à nouveau sur le renouvellement, il s’entoure d’Elchin Shirinov venu d'Azerbaïdjan, un musicien confirmé, âgé de la quarantaine. A la batterie, son choix est beaucoup plus surprenant, il a fait appel à une jeune femme de vingt et un an, Roni Kaspi, je dois reconnaître qu’après l’avoir écoutée, il me faut considérer que ce choix est fort judicieux, malgré son jeune âge elle n’a pas froid aux yeux et joue avec une remarquable justesse. C’est en Israël qu’Avishai a rencontré la talentueuse étudiante au Berklee College of Music de Boston.
On retrouve sur cet album ce qui a fait le succès du bassiste, à savoir le choix de mélodies souvent puisées dans les folklores, dansantes, pétillantes et assez faciles à retenir. On a pu parfois lui reprocher ces facilités, pour ma part je n’y vois pas de mal, elles permettent à un plus large public de s’intéresser au jazz et de faire un premier vers cette musique que nous aimons.
Sans doute y a-t-il une recette et une manière de faire, c’est indéniable, ça s’entend, mais la richesse de sa musique consiste en ces multiples variations. Par ailleurs c’est un grand bassiste et les musiciens qui l’accompagnent sont également tout à fait au niveau. Sa démarche se rapproche de celle de Keith Jarrett qui lui aussi a reçu l’amour et l’intérêt d’un très vaste public.
Par ailleurs subsiste un grand respect pour ce public, aujourd’hui je ne réponds pas à la question de savoir si l’album est meilleur que « Gently Disturbed », il faut attendre que le temps et la répétition donnent leur verdict, en tout cas l’album est pour moi tout à fait réussi, dépassant mes espérances…