Madame, Monsieur
C'est avec un sentiment de quasi honte que je vous écris. En effet, ayant grandi, mangé, bu, dansé et dormi avec The Smashing Pumpkins, je me sens confus, embarrassé, que dis-je, indigne. Ainsi je me permets de vous adresser cette missive afin d'exorciser cette infamie qui m'assaille depuis quelques temps. Je ne cherche pas l'absolution non plus à me trouver des excuses car je suis impardonnable.
L'album est sorti alors que j'étais encore un adolescent, certains de ses morceaux m'étaient à l'époque parvenus dans ce qu'on appelle les oreilles, mais ce n'est que deux ans plus tard avec leur Mellon Collie and the Infinite Sadness que ma véritable passion pour ce groupe s'est faite sentir. Je rentrai alors au lycée et la vague pumpkienne était à son apogée. J'ai vécu de l'intérieur ce fatras de cuivre et d'acier entrelacé de la voix parfois méta-humaine de Billy Corgan à une époque où bon nombre de leurs coreligionnaires travaillaient sur la même corde.
Mais voilà, la bande à Corgan avait en cela la particularité d'avoir un son bien à eux, une atmosphère si douce et à la fois si entrainante, si mélodieuse et si échevelée. D'aucun pourra me taxer d'excessif si je devais les positionner dans les meilleurs de la décennie 90.
Nous voici en 2015 et j'ai enfin écouté cette œuvre qu'est Siamese Dream ; j'ai même dû m'y reprendre à deux fois tant je me sentais bien. 60 minutes puis 60 autres m'ont permis - en quelque sorte - de rattraper ce déficit qui a pu être le mien concernant cet opus. Je me sens dès lors beaucoup plus serein. D'autant plus serein que la magie s'est opérée à travers quelques pistes qui m'ont donné les vraies raisons de cette honte susnommée.
Veuillez accepter madame, monsieur, mes salutations hautement distinguées.
E.A.