Silver Lake
6.8
Silver Lake

Album de Vic Chesnutt (2003)

Le label d'Austin New West Records est-il en passe de devenir le nouveau refuge des SDF (songwriters devenus familiers ) ? Après Mark Eitzel, c'est en effet au tour de Vic Chesnutt de trouver sa place au sein d'une écurie qui ressemble généralement à une maison de préretraite (Stan Ridgway, John Hiatt...). En perdition progressive depuis quatre albums, le protégé de Michael Stipe, originaire comme lui d'Athens, ne s'est jamais totalement remis de la publication de Is The Actor Happy? (1995), le Graal artistique après lequel il court depuis (sans mauvais jeu de mots). Évidemment, sa voix déchirante comme un cri dans la nuit a souvent fait le reste, gravant ici ou là quelques moments d'exception. Renouant avec la majesté orchestrale d'antan (les impressionnantes Stay Inside en deuxième plage et In My Way, Yes en conclusion finale), Chesnutt convainc de nouveau sur la longueur d'un disque, qui s'étire pourtant durant près d'une heure. Du folklore chantant de Band Camp à la ballade lambchopienne Girls Say, de l'autobiographique Styrofoam à la complainte bouleversante de Sultan, So Mighty, les motifs d'enchantement ne manquent pas, même si l'on connaît malheureusement leur source d'inspiration. D'ailleurs, sur la pochette de ce lumineux Silver Lake, Vic pose allongé dans l'herbe, l'air à la fois absent et serein. Au fond du jardin, on distingue son fauteuil roulant, une béquille éternelle qu'il panse, faute de mieux, par ses chansons. Légitime (o)raison.(Magic)


Depuis le début des années 90, Chesnutt est un songwriter prolixe et menant habilement sa petite barque dans le monde de la musique bussines. Silver Lake est son 9ème album en 15 ans de carrière à peu près, c’est dire l’inspiration du monsieur ! Si ce nouvel opus reste dans l’univers des folk songs de Chesnutt, il fait mieux qu’être simplement un disque de plus. On y trouve une touche de bonheur léger qui à parfois fait défaut au composition du monsieur. Après un album assez intimiste et un peu raté (Left To His Own Devices), Chesnutt à décidé de revenir à un album de groupe, donnant ainsi aux chansons cet éclat si particulier lorsque le bonheur de les interpreter ensemble jailli de chaque note. Au bout de tous ce temps, la musique de Chesnutt n’évoluera sans doute plus beaucoup, pour autant ces albums sont toujours attendus pour cette simplicité qui nous rappelle combien la vie peut être fragile et délicieuse à la fois. (liability)
bisca
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le 19 mars 2022

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