Le revival heavy metal de ces dernières années a beau en agacer certains, il faut tout de même considérer le talent de certains groupes avant de crier à la « hype » stérile. Le premier album éponyme de In Solitude était une bonne surprise, très marqué par la NWOHBM (les deux premiers Maiden, Diamond Head) les jeunes loups ne cachaient pas non plus leur vénération à Mercyfull Fate sans pour autant les déshonorer. Servi par une prod tout aussi « old school », le second album dans la même veine, très efficace, semblait confirmer que les suédois étaient restés bloqués sur ce âge d'or du heavy metal.
L'annonce du troisième album « Sister » avec la diffusion sur le net du teaser « lavender » allait pourtant changer la donne. Pochette noire qui sent la mort, production vintage particulièrement crue orientée plus... gothic rock au relent punk. Et ça se précise quelques semaines plus tard, avec le single « Sister » et son riff rock tourmenté, son break typique new wave et son refrain bien senti. L'ambiance batcave est restituée avec grande classe notamment grâce au chant de Pelle Ahman, grave, tout en excès, expressionniste, qui rappelle les premiers The Cult ou encore les premiers Nick Cave. Simplement excellent. Il est clair qu'il y aura bien un avant et un après cet album dans la carrière des suédois.
Une ambiance gothique aussi sinistre qu'éthérée infeste donc dès les premiers arpèges du premier titre « He comes ». Les lyrics se font glauques, désespérés et « Death Knows where » déboule en mid tempo avec un riff entrainant évoquant un The Mission sous acide. La prestation de Pelle au chant est engagé, enragé même jouant sur plusieurs registres, vociférant tel un damné comme s'il allait passer l'arme à gauche. A l'instar de ses compatriotes Ghost B.C avec qui il partage quelques affinités (l'intro et la rythmique de « Horses in the ground ») ou encore Year Of The Goat, In Solitude se fait l'apôtre de Lucifer dans une version plus romantique (« Pallid hand » épique comme l'a pu être un Sisters Of Mercy) ou encore malade (le doomisant« A buried sun »). On peut dire que les suédois savent également restituer de sacrées ambiances, il n'y a qu'à entendre également la superbe intro cotonneuse de « Inmost Nigredo » qui aurait bien pu se glisser dans la B.O de « Virgin Suicides », et ce riff black metal tout aussi poignant qui vient dramatiser l'ensemble.
In Solitude s'inscrit dans la tradition d'un Samhain dans l'attitude, tout en se positionnant en écorché vif. Ses excès, sa vibration mélodramatique a toutes les chances de porter le groupe vers le sommet et faire de ce surprenant « Sister » un prétendant sérieux dans le top 5 des albums de l'année.