Sixes & Sevens
6.4
Sixes & Sevens

Album de Adam Green (2008)

Adam Green n'est pas près de mûrir et tant mieux. Qu'il persiste à chanter ce qui lui passe par la tête et à tout faire comme bon lui semble : un jour, ça finira par toucher la foule ébahie. Ce sera peut-être aussi le jour de son pire album mais, en attendant, il est toujours imbattable dans pas mal de catégories : meilleure voix de crooner punk, meilleure veste en velours achetée à Brooklyn, meilleure tête de jeune chien tiré du sommeil, meilleur boogie poids plume, meilleure ballade les doigts dans le nez, meilleur Ray Davies junior, meilleur Lou Reed unplugged, meilleur Kevin Ayers à casquette...C'est juste que depuis Jacket full of danger il faut s'habituer à faire un peu de ménage, alors que dans ses deux livraisons précédentes (Friends of mine et Gemstones, pour mémoire et forever), on ne trouvait quasiment rien à jeter. Par exemple, entamer direct par It's a fine met de meilleure humeur pour détailler les trouvailles que le fantasque Adam a jetées de sa musette ici et là : doses de blues (mais un blues bricolé à la Green, donc un peu à la blague), flûte de Pan (cul-cul ?), glockenspiel ou tuba, choeur vaudou, paresse caraïbe...Pour l'essentiel, l'adorable affreux jojo a toujours cet air d'un chanteur de cabaret atterri dans le cyberespace avec à peine une guitare à la main et dans les poches des pages griffonnées de paroles aux­quelles personne ne comprendra jamais tout (ceci pour rassurer les non-anglophones), très bien articulées pourtant. Voilà un dangereux zinzin qui peut vous faire croire qu'on torche une bonne chanson avec trois fois rien, doit-on l'interdire ? Ce serait dommage de se priver de petites choses comme Homelife, propres à vous réconcilier avec l'humanité. Bizarre, c'est toujours dans ces moments-là qu'Adam Green parle de sa mort. Plus loin, le revoici­ qui fait cui-cui sur sa branche...FG


Hasard du calendrier, Adam Green, qui sort ce mois-ci Sixes & Sevens, a récemment bénéficié d’un regain de popularité grâce au succès du film Juno dans lequel les deux acteurs principaux reprennent, juste avant le générique de fin, Anyone Else But You des Moldy Peaches – le groupe que l’Américain a formé pendant sept ans avec son amie Kimya Dawson. Non seulement Juno est un joli film, mais c’est aussi un peu l’histoire d’Adam Green, adolescent et homme à la fois : si ce n’est certes pas un enfant qui grandit dans le ventre du jeune homme (27 ans cette année), c’est bel et bien la voix d’un adulte qui en émane. Et quand on dit “adulte”, on parle d’un adulte ayant déjà tout vécu : ruptures, disparitions, peurs et joies. Cette voix déroute et intrigue : d’où peut bien venir cette gravité, cette maturité ?(Télérama)
L’Américain a toujours été précoce. A 12 ans il forme les Moldy Peaches, à 21 ans il se lance dans une carrière solo avec un premier album, Garfield (2002). Seul donc, mais résolu à tenir la cadence : six années ont passé et le jeune homme présente aujourd’hui son cinquième album – car Adam Green ne chôme pas, Adam Green, c’est l’Amérique qui se lève tôt. Cette fois, en tout cas, quatre semestres ont été nécessaires pour que Green donne un successeur à Jacket Full of Danger. Raison invoquée : son label, fatigué par d’incessantes tournées et périodes de promotion, lui a demandé de prendre son temps. Nouvelle démarche et nouveau lieu de travail : c’est loin des caves de Brooklyn, où il fut un temps sacré pape du mouvement antifolk, que le New-Yorkais est parti installer son équipement d’enregistrement : dans une école pour enfants autistes du New Jersey. Sixes & Sevens est donc un disque léger, ludique et amical. Le premier pour lequel Adam Green a fait appel à une chorale gospel : elle apporte à l’ensemble la féminité qui, depuis les Moldy Peaches, n’a eu de cesse de compléter l’œuvre de Green. De notre côté, c’est à un show réunissant Kevin Ayers, Jarvis Cocker et Lou Reed qu’on pense à l’écoute de ce nouvel album : crooner en diable, Adam Green est tantôt sexy (Getting Led), tantôt moqueur (“Est-ce que Tom et Jerry pourraient être mon mec ?” demande-t-il sur la très velvetienne Be My Man), tantôt soigneusement mélodique (Grandma Shirley and Papa), toujours – à l’exception de la ringarde Morning After Midnight et son orchestre de bal des pompiers – très élégant, singulièrement glamour. Longtemps, Adam Green s’est habillé et coiffé comme les Strokes : aujourd’hui, on l’imagine les cheveux propres, portant un impeccable costume blanc, à la barre d’un paquebot de croisière plein comme un œuf de jeunes femmes célibataires.Après plusieurs écoutes, Sixes & Sevens apparaît en effet comme un disque dandy, une collection de chansons chic qui exigent une tenue correcte à l’entrée mais ne se prennent pas au sérieux. Fait de pianos, de guitares, de flûtes de pan et de xylophones, l’album raconte aussi le récent béguin d’Adam Green pour le trompettiste Don Cherry. Pour autant, Sixes & Sevens ne ressemble pas à un frichti de fan ou un album-hommage : de cet ensemble d’instruments, d’influences et de genres ressort au final une œuvre étonnamment cohérente qui, avec ses vingt chansons, aurait presque pu faire l’objet d’un double album. (Inrocks)
Adam Green est un artiste énervant. Fondateur du duo culte de l'anti-folk, The Moldy Peaches, à tout juste vingt ans, il mène depuis 2002 une carrière solo impeccable. Son visage poupon et sa nonchalance dylanienne rendent les jeunes filles hystériques, alors que son humour corrosif ravit leurs petits amis. Les barbons de la critique ne savent pas où le ranger, tant il s'attaque sans vergogne à toutes les figures musicales de l'Amérique profonde, blanche et noire. Il brille dans le dénuement, mais sait aussi parer ses chansons d'instrumentations chatoyantes. Parfois, il pose sur les photos aux côtés de son super copain Carl Barât. Pire que tout, il est né à New York. Du coup, on se réjouit presque d'être un peu déçu à chaque nouvel album. D'avoir la satisfaction d'oublier qu'on attend beaucoup de lui. On y trouve toujours des chansons dispensables, l'occasion de pointer d'un doigt accusateur l'odieux remplissage, l'exagération juvénile, le manque de discernement. Non, un garçon si doué ne peut être simplement généreux. Prétentieux et autosatisfait, voilà qui tombe sous le sens. Sixes & Sevens, son cinquième opus, est le meilleur depuis Friends Of Mine (2003). Sa voix grave de crooner mal embouché y fait des merveilles, son songwriting affronte effrontément tous les courants. Qu'il se prenne pour Lee Hazlewood (When A Pretty Face), Jonathan Richman (Cannot Get Sicker) ou même David Bowie (Festival Song), il parvient toujours à imprimer sa patte finaude, à imposer son style si habilement décalé. C'est bien connu, le talent rend jaloux. Adam Green est un artiste énervant.(Magic)
bisca
7
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le 27 mars 2022

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