Que reste-t-il de Jeff Buckley ? Treize années après sa disparition, Grace a définitivement conquis le cœur des mélomanes dans leur grande diversité, et ceci est principalement du à Halleluja, titre culte auquel on ne peut plus échapper aujourd'hui, que ce soit dans les rayons du supermarché ou sur le plateau de Christophe Ondelatte. Emblématique, mythique, tout guitariste débutant rêve d'interpréter correctement ce morceau afin de serrer dans les soirées alcoolisées ou lors de feux de camps improvisés. Les réalisateurs de série B s'en donnent également à cœur joie, lorsqu'il s'agit de donner une dimension un peu plus larmoyante à une scène dramatique. Ainsi les 'covers' de ce titre sont légion et il n'est pas rare que de frêles nymphettes au timbre aseptisé et à l'émotion feinte se complaisent à savamment massacrer ce petit bijou mélodique.
Ne restera-t-il donc de ce songwriter légendaire qu'un seul titre désormais uniquement voué à faire chouiner dans les chaumières ?
L'écoute de Sketches for my sweatheart the drunk, album posthume, rassure face à ce questionnement peut-être un brin absolu. Mieux, elle nous conforte dans l'idée que la réputation de ce chanteur malchanceux est loin d'être usurpée. 'Everybody here wants you', deuxième titre de l'album, illustre assez bien ce constat. La mélodie se veut minimaliste et ne s'accentue que lors du refrain (pour le moins saisissant), pour le reste, la ligne de basse et la batterie (délicate elle aussi) suffisent à soutenir le chant épuré de Jeff Buckley. Plus feutré encore, le morceau qui suit se veut être une douce ballade reposant sur quelques notes de guitare. L'art de la subtilité. Mais Buckley ne délaisse pas le rythme pour autant. Sa verve rock, il la témoigne dans les riffs de 'Nightmares by the sea', 'Yard of blonde girls' ou encore 'Vancouver'. 'New Year's Prayer' est, quant à lui, un titre qui ne sera pas inconnu aux aficionados de la série Dead Zone puisque fut un temps elle en constituait le générique.
En somme, Sketches for my sweatheart the drunk est un album assez fabuleux qu'il faut s'empresser de (re)découvrir afin de ne pas se cantonner au seul album sorti du vivant de Jeff Buckley.
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le 17 juil. 2012

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Anthony Boyer

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