Au recto du disque, un élan. Au verso, un ours. Ce disque, Hayden l'a à l'origine autoédité à 100 exemplaires distribués aux animaux de la forêt. Mais il y a aussi des humains qui s'intéressent à la musique de Hayden. Les fans de Neil Young, Sebadoh ou Will Oldham, par exemple. Rien de franchement nouveau sous le soleil pâle du folk anémié. Hayden gratouille sa guitare comme une vieille plaie existentielle et chante avec le désarroi bien compréhensible de l'homme qui, face à un pot de Nutella vide, se rend compte qu'il n'a pas d'argent pour en acheter un autre. Second couteau un peu émoussé du folk éploré, Hayden devient franchement intéressant quand il le retourne contre lui-même, le couteau, quand sa guitare déborde et crache comme une vieille tronçonneuse encrassée.(Inrocks)
Il y a une demi-douzaine d'années, Everything I Long For, le premier album du Canadien Hayden, alors signé chez le géant Geffen, nous avait collé une peur bleue. On y entendait un type toucher le fond, en direct et sans filet. Évoquant un après-midi vaudou dans la petite forêt qui surplombait l'asile de fous duquel il s'était échappé, Hayden aurait pu alors faire un camarade de cellule adéquat pour Vic Chesnutt. On peine à le reconnaître aujourd'hui, si calme, si mélodieux, si posé. À la fin de Bass Song, les cordes magnifiques évoquent bien la verdure sous la pluie automnale, mais l'asile semble désormais avoir disparu du tableau, et les loups ne rodent plus. Skyscraper National Park, un terme emprunté à Kurt Vonnegut pour décrire le New York post-apocalyptique, n'est pourtant pas un disque rigolard. On s'y sent comme écoeuré par l'abus de tabac, rassuré par la présence d'un tiers (Howie Beck est venu prêter main-forte), impressionné par une langue et une musique pleines de cette bonne terre américaine (Dynami-te Walls, croisement réussi entre Don't Cry No Tears de Neil Young et Soul & Fire de Sebadoh, on peut faire pire). Un (très beau) disque de consolation.(Magic)