Keith Jarrett, Jan Garbarek, Palle Danielsson, Jon Christensen - Sleeper (2012)
Keith Jarrett fait partie des grands oubliés de ce fil, peut-être trop évident, trop star ou tellement incontournable que je le contourne par mauvais esprit. Pourtant je l’ai beaucoup écouté, surtout dans les années soixante-dix ou quatre-vingts, et même après, mais plus souvent par intermittence. J’ai même quelques albums où il joue plutôt free, pendant les années soixante, dans le groupe de Charles Lloyd.
C’est un incontournable et il prend une bonne place dans les rayons, avec ces albums « Impulse » que j’aime toujours autant, et ces ECM également, ce label qu’il a tant aidé à s’épanouir et qui lui doit tant. Je retiens particulièrement dans mon panthéon personnel, « Ruta And Daitya », « Treasure Island », « Death and The Flower » et « The Survivors' Suite », ces deux derniers représentent le couronnement de cette période, je ne cite pas le « Köln Concert » que tout le monde connaît. Évidemment il y en a plein d’autres également, mais j’ai suivi Keith plus épisodiquement dans les années quatre-vingt-dix et après, pour autant l’attachement reste.
Et puis il y a cet album, paru seulement en 2012, et qui provient d’un concert donné à Tokyo le seize avril 1979, et nous revoilà à nouveau au milieu de cette belle période. Keith est entouré de sa « Team européenne », avec Jan Garbarek au sax ténor et soprano, ainsi qu’à la flûte et aux percus, Palle Danielsson est à la basse et Jon Christensen à la batterie et aux percus également.
J’ai souvent jugé un peu sévèrement Jan Garbarek, peut-être en comparaison avec Dewey Redman, je le trouvais froid, avec un son immédiatement reconnaissable, mais très prévisible. Aujourd’hui je me dis que c’est idiot, ce qu’il apporte est important et, finalement, si Jarrett est si bon en quartet c’est aussi grâce à lui.
Car ici tout est parfait, évidemment les amateurs savent à peu près à quoi s’attendre, mais on sent que quelque chose se passe, sans doute la cohésion entre les musiciens, le plaisir de jouer si évident, peut-être la magie du lieu aussi. Toutes les pièces sont excellentes, mais les deux plus longues me fascinent, « Personnal Mountains » et « Oasis », cinquante minutes à elles deux, véritablement envoutantes.
Je vous dis ça comme ça mais le double Cd se trouve facilement à petit prix, pour ceux qui écoutent encore ce support...