Qu'il semble définitivement loin le temps où Neil Halstead et les siens regardaient leurs chaussures en jouant les plus belles chansons éthérées de l'époque, alors en pleine noisy pop. Onze ans après, l'ancien leader de Slow-dive n'en finit plus, avec ou sans Mojave 3, de se plonger dans la country. En remontant ainsi le temps, on sent le trentenaire anglais à la fois nostalgique d'être né du mauvais côté de l'Atlantique et de ne pas avoir connu cet âge d'or. Pour soigner sa peine, il s'imagine en Gram Parsons des années 00. Et s'il ne verse jamais dans l'hommage larmoyant, Halstead n'échappe pas toujours à la dévotion respectueuse. À ce titre, il s'adjoint avec ce premier album solo nombre de cousins d'Amérique. À commencer par Damien Jurado, dont il reprend d'ailleurs le harvestien Dreamed I Saw Soldiers. Et s'il est difficile de faire la sourde oreille à l'écoute de ces plumes mélodiques, il l'est tout autant de crier au génie. Car Neil Halstead, en artisan appliqué et entouré d'un bel orchestre dépenaillé, est un expert en citations. D'ailleurs, Sleeping On Roads joli titre lynchien en contient tellement qu'on vous laissera le soin de les découvrir. Car on éprouve trop d'empathie pour lui en vouloir totalement. Un bon disque déceptif, donc. (Magic)