D'une jolie voix plaintive, chargée en regrets mais pas en amertume, on entend Tobias Froberg illuminer, dès le début d'album, un de ces gospels aussi fervents que livides dont Brian Eno a le secret. I need someone that takes me higher , implore-t-il ? une assez jolie définition de cet album qui toise de très haut le plancher des vaches, et des vacheries, pour un vol libre dans le coton et l'air pur des hautes sphères. On pourrait peut-être parler de folk, pour cette écriture sobre, presque solennelle ? mais alors le folklore du monde des rêves, nettement plus complexes, inquiets et hantés que leurs douceur et joliesse de façade le laissent entendre. Comme son compatriote José González, Tobias Froberg évoque régulièrement Simon & Garfunkel, pour cette mélancolie cosy, cette écriture fleurie mais pourtant pleine d'épines et de mauvaises herbes. Comme José González, il risque de devoir son succès européen à la BO d'une publicité pour un téléviseur japonais ? et là, c'est l'exalté When the Night Turns Cold qui s'y colle. Comme José González, il rappelle que, quoi que fasse Tony Blair, c'est bien la Suède qui, en Europe, reste la base américaine la plus avancée ? musicalement au moins. Car des musiques rurales, parfaitement assimilées, à un honky tonk, remarquablement habité, Tobias Froberg semble réellement vivre loin des meubles sans coins d'Ikea. On l'imagine ici dans une cabane en rondin des Great Smokey Mountains ? comme celles bâties, il y a des siècles, par ses aventureux ancêtres ?, loin, mais alors très loin des exercices de style de plein d'Anglais dans le même genre. De l'enthousiasmant What a Day ? né dans les sables mouvants et faussement innocents qui entourent Brian Wilson ? à des chansons nettement plus étonnantes (on a parfois l'impression d'entendre Nick Drake produit par les furieux de chez Stax ? et donc un peu Terry Callier ou Ray LaMontagne), c'est avec intimité, assurance et culot que Tobias Froberg jongle avec des traditions qui le dépassent très largement en âge, taille et poids. Le genre d'album qui, passé inaperçu à sa sortie, risque bien de devenir pour certains une BO des années à venir, avec sa folk-soul soyeuse mais venimeuse. Les derniers mots de l'album : Forever my love.? Dont acte (Inrocks)


Les Scandinaves ont un don pour sonner plus américain que les Américains eux-mêmes. Le cas de Tobias Froberg ne fait pas exception à la règle. À bien écouter Somewhere In The City, son second opus, on croirait entendre Simon & Garfunkel. Songwriter et multi-instrumentiste, ce jeune Suédois a assurément tout compris à l'esprit du folk et livre un album d'hiver d'une grande sensibilité, chronique d'un homme égaré dans la ville. D'inspiration classique (The Beach Boys, Carole King, Neil Young, etc.), ces onze titres ont pourtant la part d'imprévisibilité que possèdent les disques passionnants. Ils donnent envie de taper du pied, tout en étant mélancoliques, ou partent soudainement en envolée mélodique dès qu'on s'attend à un retour au calme. On n'est guère étonné de retrouver à la production Linus Larson (Mercury Rev, Ed Harcourt, The Concretes), tant le son de l'album s'inscrit dans cette lignée d'artistes. Tobias Froberg est adulé par la critique dans son pays. Les Suédois ont toujours eu du goût. (Magic)
Même s'il arrive chez nous bien après Peter, Björn, John et les autres (son ami José González ou l’incontournable Thomas Dybdhal), Tobias Fröberg se présente tôt dans l'année pour briguer le sceptre du musicien scandinave le plus en vue. Il a, pour ce faire, un certain nombre d'arguments qui pourraient faire enrager la concurrence.Tout d'abord une voix agile qui se coule en douceur dans le lit des ballades ou gambade, mi-joyeuse mi-ironique dans la pop-twee la plus dévergondée. Ensuite, des références musicales à la pelle, les Beach Boys, Simon & Garfunkel, Nick Drake, Paul McCartney, Carole King, Neil Young, toutes brassées avec une forme de générosité sans complexe, sinon celui - discutable - de vivre dans la musique d'un autre temps.Enfin, des mélodies alertes, les textes simples de quelqu'un qui ne veut surtout pas révolutionner l'univers du folk-rock (les filles, les soirées, les virées, la solitude urbaine, tout ça), et un bon choix de collaborateurs (Ane Brun, Teitur et surtout son producteur, Linus Larsson, déjà rencontré au service d’Ana Ternheim, Nicolai Dunger ou Ed Harcourt, entre autres). A écouter son disque, le deuxième après un "For Elisabeth Wherever She Is" inconnu de nos contrées, j'ai le même plaisir nostalgique et amusé que, mettons, à écouter le "Nashville" de Josh Rouse : les morceaux y sont remplis, comme des sachets d'épices, de senteurs venues rappeler d'autres temps et d’autre lieux, mais la fraîcheur qui s'en dégage est irrésistible. Le disque se risque donc à tutoyer les aînés (Simon & Garfunkel sur un délicieux "God's Highway", Brian Wilson sur le trépidant ''What a Day'') avec une allégresse qui n'est ni fanfaronnade ni éloge transi. Les mélodies ont une certaine immédiateté qui n'est pas sans ménager, ici ou là, des finesses dans le traitement des voix (superposition des voix féminine et masculine sur ''Love And Misery'', chœurs un peu partout) et dans le choix des arrangements. Réchauffement climatique ou non, on peut remercier le Scandinave de nous apporter un peu de soleil pour embraser l'hiver.(Popnews)
bisca
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le 27 mars 2022

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