Ça fait un moment que je connais Empyrium, mais presque que de nom ; je savais juste que c'était allemand et qu'il y avait de la guitare acoustique... Il y a pas si longtemps, je suis tombé sur cet album auquel j'ai tout de suite accroché ; plus récemment encore, je me suis rendu compte qu'il était plus ancien que je ne le pensais, puisqu'il est sorti en 1997 !
Je ne sais toujours pas si je dois être étonné ou pas. Il y a clairement des choses qui font très années 90 dedans (les voix murmurantes et plaintives par exemple), d'autres qui sont plus surprenantes. Je rapprocherais volontiers Songs of Moors & Misty Fields de l'excellentissime Heart of the Ages d'In the Woods..., sorti en 1995 : dans les deux cas, il s'agit d'albums d'une exceptionnelle maturité et d'une exceptionnelle hauteur de vue pour l'époque. Le Black Metal des années 1990 fut incontestablement un vivier incroyable, d'une créativité riche mais en bonnes parties oubliée.
En l'occurrence, les éléments Black Metal à proprement parler sont assez minimes ; il y a surtout une énorme influence Funeral Doom, style tout juste naissant (le premier Skepticism n'était sorti que deux ans plus tôt), et pas mal de choses piochées dans un néofolk encore balbutiant. C'est d'ailleurs cette dernière voie qu'aura exploré le groupe par la suite, contribuant à l'avènement d'une glorieuse scène allemande qui doit sans doute pas mal aux débuts du Black Metal (on l'entend surtout nettement chez Neun Welten).
Les compositions, quoi qu'il en soit, sont très bien ficelées et parviennent à rendre harmonieuses et naturelles les diverses influences qui le composent (certes, qui restent dans un style assez proche). Il y a peut-être, toutefois, quelque chose d'un peu trop prévisible et facile qui peut rendre l'album assez vite lassant. À mes yeux, Songs of Moors & Misty Fields fait partie de ce qu'a fait de mieux cette époque où, pour une raison assez étrange, certains musiciens, à reculons de l'air du temps, se sont tournés vers les brumes, les forêts et les âges lointains... avec tristesse et poésie.
C'est toujours plus crédible que Greta Thunberg.