Et pourtant, il aurait pu. Il réunit tous les ingrédients formant le CD idéal, du genre à créer des souvenirs, à créer du lien entre les âmes, le tout sur un beat impeccable. A la fois contemporain, hip-hop, électro et presque celtique quand ses mélodies éclatent à nos oreilles comme une pluie d'écume sur une falaise, cet album est mixé avec soin et soigné musicalement. Pas un chant, seuls des échos viennent caresser les tableaux peints par Emancipator. L'ancien petit protégé du regretté Nujabes est un fin psychologue sonore...
C'est à seulement 19 ans que ce petit génie de la musique a lâché dans la nature hostile (fous ta cagoule ou la boulette de Diams) cette bombe trip-hop qu'est Soon it will be cold enough. C'est en 2006 qu'il a planté ces longs arbres mélancoliques mettant la liberté sous barreaux. Ce album, pour moi, il sonne comme une envie d'évasion réprimée, comme la petite lueur qu'on aperçoit dans un ciel de désespoir. C'est la bande originale de notre vie à chacun, faite de rêves brisés et de reconstructions. La musique d'Emancipator a la force de tout dire sans un mot. Elle dit l'amour, la dépression, elle dit à la fois le chagrin et le réconfort. Elle dit tout parce qu'elle est assez profonde pour, à chaque écoute, s'insinuer dans nos souvenirs et les remuer de ses rythmes fous.
Chronique de Ju