Steve Lacy with Wynton Kelly – Soprano Today (1958)
A l’intérieur de cette boutique il y avait ce vieil album également, mais dans sa livrée plus récente en version française chez « Carrère », d’où son nom, « Soprano Today », mais il est sorti en version originale avec un autre patronyme, « Soprano Sax » qui le fait bien également. Ça a été enregistré à Hackensack, dans le New Jersey, le premier novembre mille neuf cent cinquante-sept sous la supervision de Rudy Van Gelder.
Un album « Prestige », et le tout premier dans la très longue et sinueuse discographie de Steve Lacy. Il ne s'étale pas trop, trente-trois minutes et trente-trois secondes, ce qui était correct pour l’époque, mais ça file vite, trois titres par face. Essentiellement des reprises. Deux titres signés Ellington, « Work » de Thelonious Monk, une évidence pour ce qui concerne Steve Lacy, un traditionnel « Little Girl, Your Daddy Is Calling You », « Easy to Love » de Cole Porter et « Alone Together » le standard.
La période est au be-bop, l’album s’inscrit dans ce style et le quatuor appartient à cette génération, tous nés au début des années trente. C’est la première session d’enregistrement de Steve Lacy en tant que leader, et, si on admire la technique parfaite, le bon goût et l’assurance de la formation, on ne sent à aucun moment le virage futur qui verra le sopraniste s’envoler vers des sommets de créativité.
Pourtant, pour qui le fréquente assidument on devine quelques signes, présents ici dans la cire. Le pianiste Wynton Kelly est l’invité principal, gardien de la tradition, évidemment parfait dans son rôle, ainsi que Buell Neidlinger à la basse et Dennis Charles à la batterie, deux qui joueront plus tard en compagnie de Cecil Taylor.
Cet album est le point de départ de l’une des plus créatives et des plus riches aventures au pays du jazz, avec de multiples rencontres et des étapes discographiques hors du commun…