The Blue Series Continuum – Sorcerer Sessions (Featuring The Music Of Matthew Shipp) – 2003
Après « GoodandEvil Sessions » déjà présenté, on retrouve « The Blue Series Continuum » c’est-à-dire l’articulation Matthew Shipp, William Parker, entourés de nouveaux musiciens. Gerald Cleaver est à la batterie, Daniel Bernard Roumain au violon, Evan Ziporyn à la clarinette et à la clarinette basse et Flam à la programmation et aux synthés.
On rappelle que William Parker tient la basse et que Matthew Shipp joue des claviers et du synthé. C’est le genre d’album un peu compliqué, à l’écoute il se passe tellement de choses qu’il est difficile de s’y retrouver, c’est à la fois extrêmement sollicitant et en même temps virevoltant, des sensations multiples et diverses, parfois même contradictoires se croisent, c’est à en perdre la tête…
Il y a une très grande richesse qui grouille ici, des moments de pause également, où on se pose, accroché à un thème comme à une branche, « X6 » est de cette catégorie, il permet de reprendre pied après « Urban Shadows », le bien nommé, qui vous aspire et vous broie…
Alors forcément c’est un peu free, dissonant, brinquebalant, informe, casse-gueule et le tout en forme de point d’interrogation, mais ici tout est sensation, le ressenti est physique, il vous percute directement et s’adresse à vous sans dire « bonjour », ni passer par la case « s’il vous plaît » … Après être passé par « Fixed Point » il vous faudra gravir les « Invisible Steps », je vous le disais ce n’est pas sans risque…
Pourtant, une fois embarqué, c’est extrêmement addictif, bien plongé dans cet antre on s’y attache, et même on s’y plaît, malgré ou grâce aux embûches… Rien n’est poli, gracieux ou gratuit, tout se gagne, au prix d’un léger désagrément, d’une petite terreur passagère, d’une promesse à venir de plus sordide encore …
Les concepteurs d’un tel monde sont évidemment des malades, pas étonnant que les Cds se trouvent à trois francs cinquante dans les bacs à solde, et encore au-dessous de la pile, on vous les offrirait presque, pour s’en débarrasser, voire exorciser le sort, je ne serais pas surpris plus que çà.
Mais si vous franchissez le pas, couvrez vos oreilles d’un casque, vous pourriez peut-être vous habituer, et découvrir un autre monde, celui de « Modulate » un peu étrange, mais doux, trouver un sens à ce parcours inhabituel qui vous bouscule finalement gentiment, bien coincés au fond de votre fauteuil, alors du coup vous pourriez participer à la marche glorieuse, à l’intérieur de la « dernière chambre », avant de vous enfoncer, pour finir, dans la brume qui vous ouvre les bras…