C'est vrai, on en a presque eu les larmes aux yeux. Pour les trop rares amoureux de The Czars, l'annonce, fin 2004, d'une séparation dramatiquement prévisible suite à l'insuccès chronique dont souffrait le groupe de Denver, a constitué une bien mauvaise nouvelle. Déjà condamné à autofinancer son ultime chef-d'oeuvre, Goodbye, au titre annonciateur de lendemains qui déchantent, The Czars a donc dû se résoudre à l'abdication. Ce chant du cygne posthume, publié confidentiellement un an après le naufrage, ne fera qu'attiser nos regrets éternels. En onze reprises dépouillées de toute fioriture superflue, John Grant y décline quel-ques-unes de ses influences, des plus avouables (Tim Buckley, Paul Simon) aux plus inattendues (Abba). Ces réappropriations poignantes d'univers musicaux hétéroclites témoignent d'un immense talent d'interprète, déjà bien perceptible sur les trois albums du groupe. Tout en faisant preuve d'une sobriété exemplaire, Grant rend presque palpable le sentiment d'accablement qui doit évidemment l'habiter à l'heure de graver ce testament en forme d'excuse. Sorry I Made You Cry ? Reviens, John, tout est pardonné. (Magic)