Kenny Garrett - Sounds From the Ancestors (2021)
Voici le dernier Kenny Garrett « Sounds From The Ancestors » sorti il y a un mois ou deux, il se caractérise par un certain classicisme, du post bop de bon aloi, comme l’altiste sait très bien faire, huit titres plutôt copieux, ça dépasse largement l’heure et frôle la limite de capacité d’enregistrement.
A vrai dire on ne peut dire que du bien de cet opus, il vous prend comme il faut, sans s’annoncer, dès le second titre « Hargrove », l’hommage à Roy bien sûr, avec des insertions vocales d’«A Love Supreme » qui visent juste, un zeste de soul, de bonheur, un album pour la joie.
Impression qui se confirme sur « When The Days Were Different » qui suit, avec ces airs de Stevie Wonder, ça groove et vire gospel avec les voix de Chris Ashley Anthony et Sheherazade Holman. On poursuit la plongée encore avec « For Art’s Sake », Art Blakey bien sûr, et la mise en avant de ces vieux Fender Rhodes qui font entendre la voix ! L’album ne cesse de raviver des réminiscences issues du passé et, en conséquence, nous fait de l’œil en flattant nos bas instincts, mais, que voulez-vous, impossible de résister à ça !
L’autre pôle important de cet album est le rôle des percussions, impossible d’ignorer ce retour en grâce, Ronald Bruner à la batterie, Rudy Bird aux percussions, Lenny White à la caisse claire ou Pedrito Martinez à la conga apportent ici ce parfum irrésistible caribéen qui fait virer l’album de temps à autre en tempête afro cubaine, on pense à « What Was That ? » ou « Soldiers of The Field / Soldats des Champs ». Cette dernière insertion, en français dans le titre, rend hommage aux soldats haïtiens qui se sont battus contre les Français pendant la Révolution haïtienne.
« Sounds From The Ancestors », la chanson titre, est sans doute l’apogée de l’album, après un départ au piano de Kenny, place à Dwight Trible, le vocaliste dont on a déjà souligné par ici l’étrange art, capable de vous faire frissonner avec les sons inouïs de sa voix. C’est un hommage émouvant aux « ancêtres », aux chants qui les soutenaient dans les travaux des champs, à la foi qui aidait à se tenir droit, aux tambours qui portaient au loin les voix et l’identité.
L’ultime pièce est l’écho du morceau d’ouverture, pour que la boucle soit fermée… Un album très attachant qui plaira sans doute à beaucoup.