Alors celui-là, il faut aller le chercher ! C'est bien certainement le dernier album de Pink Floyd que l'on écoute, je suppose, du genre dont le grand public n'a même jamais soupçonné l'existence. Levez la main ceux qui connaissaient ! Ha ouais, quand même... Ha ben, c'est peut-être moi qui suis con alors.

En 1969 sort un film du nom de "More". Le réalisateur, un certain Barbet Schroeder, fait appel au Floyd pour composer la BO de son oeuvre quasiment terminée. Bref, un réalisateur français d'origine iranienne réalise un film avec une Américaine et un Allemand et fait donc logiquement appel à un groupe anglais. Surtout que "More" parle de la drogue et de ses dangers. Ne riez pas, on est encore en pleine période hippie et ce genre de prévention n'allait pas forcément de soi. Pink Floyd lui, se sent bien concerné puisqu'il va entreprendre la composition de son premier album sans son ancien leader Barret. Il n'y a pas de hasard...

8 jours. Toute la BO a été composée en 8 jours. Je ne sais pas s'ils avaient des délais serrés à ce point ou si les membres du groupe ont été particulièrement motivés mais la performance est assez ébouriffante. Surtout que l'album est très varié et s'aventure sur des pentes presque toujours soigneusement évitées par Pink Floyd. Par exemple le hard rock avec le très bon "Nile Song", le blues (premières amours du groupe avant sa carrière studio) avec "More blues" et plus généralement un acid folk très épuré, à des miles et des miles des compositions grandiloquentes à venir. Un vent de fraicheur qui fait du bien sur des titres tels que l'excellent "Cymbaline" et les sympathiques "Cirrus Minor" et "Crying song". Ce qui frappe le plus dans cet album, outre la sobriété de ton générale et l'extrême plasticité de la voix de Gilmour (qui semble explorer ici toute sa tessiture), ce sont les très belles paroles de Waters, d'une poésie vraiment touchante même lorsqu'elle parle de cauchemars, avec des couplets ravageurs tels que:

Green is the colour of her kind
Quickness of the eye deceives the mind
Envy is the bond between
The hopeful and the damned

Cependant, la légèreté et la sobriété c'est bien, mais l'écoute de cet album en continu n'échappe pas à un léger ennui quand même. Les pistes les plus originales sont également malheureusement les plus courtes (1 minutes pour "A spanish Piece" !) et les plus psychédéliques ne sont pas franchement réussies (un comble !) comme le trop long "Quicksilver".

Un album très particulier dans la disco du Floyd que je recommande tout de même pour vos rêveries au bord de la rivière, lors des chaudes journées d'été, à condition de ne pas trop en attendre. A écouter d'une oreille aussi distraite et légère qu'un coin de nuage qui se délite dans le ciel...
Amrit
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le 27 mars 2014

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Amrit

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