Leroy Jenkins – Space Minds, New Worlds, Survival Of America (1979) - S/FJMt°
Voici un album fourni avec un mode d’emploi d’utilisation, je vous rassure c’est très succinct : Side A "Play Loud", Side B "Play Soft". Une façon de distinguer la personnalité des deux faces. La première contient la longue suite qui donne son titre à l’album, la seconde est formée par quatre pièces distinctes.
Toutefois l’ensemble de l’album baigne dans ce qu’autrefois on appelait le « Third Stream », ce troisième courant un peu blanchit qui ne se référait pas exclusivement à la musique noire, mais également à la musique classique européenne. C’est Gunther Schuller avec le pianiste John Lewis qui lancèrent ce mouvement musical qui incluait également une bonne part d’improvisation. George Russell, Jimmy Giuffre, Ran Blake,Bill Evans, Eric Dolphy ou Ornette Coleman accordèrent du crédit à cette mouvance. On pourrait inscrire cet album, me semble-t-il, dans ce courant.
C’est donc le violoniste Leroy Jenkins le leader ici, il rassemble autour de lui Andrew Cyrille à la batterie et aux percussions, Anthony Davis au piano et George Lewis au trombone. Sur la face une il faut ajouter Richard Teitelbaum qui utilise différents moogs, Anthony Davis joue également du piano électrique et George Lewis est aussi à l’électro. Rien qu’à l’énoncé des différents instruments on comprend que la première face est plus « moderne » et novatrice dans le matériel utilisé et la seconde un peu plus traditionnelle.
La suite « Space Minds, New Worlds, Survival Of America » est décomposée en six mouvements, nous naviguons entre parties écrites et improvisations, dans une ambiance assez souvent "musique contemporaine" avec pas mal d’effets liés à l’électro. Pourtant la musique ne manque pas de chaleur, le violon de Jenkins, moins « roots » qu’à l’habitude, ravira cependant les fans, très enlevé et créant sans cesse.
George Lewis lui aussi mérite un satisfécit, adepte de musique expérimentale il brille ici. Mais chacun apporte sa pierre, ainsi Andrew Cyrille est comme toujours parfait, Richard Teitelbaum énormément créatif et Anthony Davis est peut-être celui qui s’engagera, par la suite, le plus profondément dans l'exploration de ce style musical.
Une étape un peu différente dans l’exploration du free jazz, comme un pas de côté. Les amateurs de Leroy Jenkins pourraient également se poser autour de l’album en compagnie du Jazz Composer's Orchestra et écouter le très beau « For Players Only ».