Fred Frith – Speechless (1981)
Un album un peu fou-fou, un brin déjanté qui s’en va dans tous les sens. Il se passe toujours quelque chose ici, mais c’est fouillis, touffu, difficile à suivre. Non pas qu’il y ait un manque de cohérence, ou un aspect bordélique, ou encore un laisser-aller coupable, non, non, rien de tout ça, ce serait plutôt « trop » riche, des idées à toutes les étapes, une créativité continuelle et sans limite qui frôle avec le trop plein, de quoi vous faire perdre la tête et vous enivrer…
Afin de mieux s’y retrouver, on peut noter trois étapes importantes de l’album, mais déjà précisons qu’il est sorti d’abord en vinyle, puis en réédition Cd, augmentée de six titres. La face A serait comme une première partie sur laquelle Fred Frith est entouré par Etron Fou Leloublan, cette partie est géniale.
La seconde, un peu différente, mais pas trop, est jouée en compagnie du groupe Massacre, dont je vous ai déjà détaillé la discographie, pour résumer vite, disons que cette partie, avec quelques invités de passage, est également géniale. Pour ce qui concerne les bonus, tout ce qu’on peut en dire c’est qu’ils sont géniaux également. Ce court résumé indique à quel genre d’albums on a affaire.
Je passe sur les différents lieux d’enregistrements, studio, live de différents concerts, pour parler plutôt du contenu : des collages nombreux, du folk en pagaille, qui va et qui vient, des références, ici ou là, de musique ethnique, des plages vives et d’autres calmes, paresseuses, parfois avec de l’humour, c’est vrai on rit par ici…
C’est un peu expérimental, mais pas trop, plutôt aux côtés de Massacre, mais ça n’effraie personne, c’est bucolique de temps en temps, avec des tonnes d’impros, mais des danses également, un patchwork inextricable avec des extraits audios venus de toute part, collés, assemblés, transformés : gros taf au niveau du studio !
C’est une véritable aventure créative à laquelle nous sommes invités, il suffit de s’y brancher et de se laisser porter pour participer à l’un des voyages les plus étonnants qui soit. Le répertoire sonore qui défile ne cesse de faire référence à tout un monde folk, jazz, rock ou progressif, réveillant notre mémoire sensoriel et nous maintenant éveillé en permanence, de quoi bien s’échapper de notre environnement ambiant pour une bonne heure hors du temps…