The Man with the Red Face
Redshape cultive le silence et l'anonymat, mais pas la discrétion. Il s'est notamment construit une notoriété mondiale grâce aux Boiler Room, concept que je n'apprécie pas du tout, mais qui au moins permet de choper des Live Sets d'artistes, bien souvent trop orientés club, hipster et fashion.
Considéré aujourd'hui comme l'un des fers-de-lance de la nouvelle génération de DJ allemands, Sebastian Kramer ne se confine pas à un genre particulier et sort ainsi de cette mouvance de techno sombre dancefloor représentée par les labels Ostgut Ton, Strobscopics Artefacts, Avian, Token et j'en passe.
Redshape c'est de la minutie, du planant, du dansant mais également un réel savoir-faire live.
Pour l'avoir vu au Fusion festival, je peux garantir qu'il passe de la tech-house la plus chill à l'expérimentation live de mélodies triturées et de basses qui tonnent comme si Thor frappait le dancefloor frénetiquement.
Son précédent album, The Dance Paradox, nous introduisait déjà dans son univers mais manquait quelque peu de personnalité et de diversité.
Square, c'est différentes salles dans lesquelles notre ouie se laisse emporter.
Les quatre premières tracks sont très planantes, peu de rythme mais énormément de mélodies qui colleraient parfaitement sur une Soundtrack de road-trip. Jusqu'à Orange Clouds, ca ne décolle pas trop, on s'attend à un album deep-house, ambient.
Quand arrive l'enchaînement Moods & Mice, Starsoup et Paper, nos sens se réveillent et l'album prend une tournure techno extrêmement agréable. On attendait presque ce réveil, qui nous arrive avec des basses novatrices et des sons house étayés pour le club ou le live.
Landing nous permet d'atterir (HOHO) en douceur pour repartir prendre une correspondance vers l'expérimental, que Redshape réussit avec brio. Enter The Volt est un délice de sérenité et de plénitude electronique, tandis qu' Unitl We Burn nous offre un featuring vocal qui fait fortement penser à Massive Attack et au trip-hop.
La dernière track, The Playground, clôt parfaitement l'album, mélangeant toutes les inspirations émanant de cet LP dans une techno dansante, profonde et sucrée à la fois.
En explorant différentes perspectives musicales dans des sous-genres spécifiques, Redshape se détache de la volonté de faire du nouveau dans un genre balisé, que l'on ressent à l'écoute de Drumcell, Zeitgeber ou encore Dettmann. Je trouve cet album plus divers et plus profond que ceux de DJ prolifiques et incroyables, mais qui veulent trop se confiner dans un cadre personnel et novateur, se perdant parfois dans de longues expérimentations molles et peu reconnaissables.
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