Self-titled!

Je ne comprends pas les reproches faites à Annie Clark concernant son dernier album, surtout lorsqu'il s'inscrit dans la même lignée que Strange Mercy. "Birth In Reverse" et "Digital Witness" sont probablement les singles qui ont fait le plus peur aux fans (et aux curieux en passant), ce qui les a probablement repoussé de l'album dès le début. Pourtant, en quoi ces deux titres sont-ils si différents de "Surgeon" ou "Cheerleader"? Les mêmes guitares crades et les mêmes synthés bizarroïdes, juste résolument poussés plus loin. Certains titres tel que "Prince Johnny" et "I Prefer Your Love" me rappellent ces musiques pop synthétiques et industrielles des années 80 (citons Devo, Prince, voire Talking Heads parfois). D'autres titres jouent le rôle parfait de mélodies bloquées instantanément dans ma tête pour plusieurs heures, comme "Rattlesnake" et surtout "Regret". "Digital Witness" fait partie de ces chansons qui me laissent un sentiment étrange, en me demandant ce que je venais d'écouter. La mélodie pompée par les synthés est si bizarre et si hypnotisante que je ne peux m'empêcher de réécouter la chanson. Enfin, les trois derniers titres m'ont déçu, me laissant un goût d'idées inachevées, comme si Annie Clark ne savait pas comment finir son album ("Psychopath" ; "Every Tear Disappears" ; "Severed Crossed Fingers"). Elles représentent probablement pour moi les chansons les plus inabouties dans son répertoire. Au final, les trois quarts de l'album m'ont satisfait mais je reste cependant sur ma faim. Les chansons suivent le même schéma que celles de Strange Mercy, mais, quitte à pousser l'expérimental plus loin, j'aurais aimé qu'elle y aille franchement.

Si vous aimez la pop-rock expérimental, je ne peux que vous recommander d'essayer St. Vincent. Cependant, commencez par Strange Mercy, plus accessible et facile à l'écoute, puis revenez sur l'album éponyme afin de l'apprécier pleinement (essayez aussi l'EP KROKRODIL, véritable hommage à Fugazi et surtout Big Black). C'est une artiste assez peu connue en France, mais qui vaut franchement le détour si on prend le temps de l'écouter.