Adage du jour : A film inégal, BO impériale

Comment dire ? L'OST du onzième film proposait un nouvel hymne superbe au ton résolument épique et moderne qui succédait sans rougir à ce qu'avait pu proposer Goldsmith pour la sortie de la première itération cinématographique de la franchise. Un exploit en soi : ne pas décevoir les cohortes de fans intégristes. Pour le douzième film sous titré Into Darkness, Giacchino récidive. Je me rappelle qu'au cinéma je n'avais pas été transporté par la bande son qui n'innovait pas outre mesure. On retrouvait bien ledit nouveau thème tant attendu. Sympa mais quand même un poil déçu. J'ai donc attendu quelques années pour en faire l'achat.
Le cd en main j'ai enfin pu effectuer une écoute détachée des images et j'ai pu prendre la pleine mesure de la qualité et de la variété générale de l'oeuvre. Bien sûr on retrouve le nouveau thème précité mais par petites touches ou avec de prodigieuses déclinaisons (warp core values). Et que dire du si atypique morceau de piano trés épuré (London calling) qui dénote par sa mélancolie, d'autant qu'on ne l'attendrait pas dans un score de ce type. Enfin en filigrane figure sur plusieurs titres le thème d'Harrison à la rythmique si inquiétante et si représentative de l'antagoniste du film.
Alors avec autant de qualités pourquoi la musique ne m'avait elle pas transportée pendant la vision initiale du film. Sans doute le rythme trépidant de l'histoire, le plaisir de retrouver les personnages du reboot, les clins d'oeils appuyés à La colère de Khan, la démesure des effets spéciaux... ont-ils étouffé le reste ; et occulté la musique. Je pense au contraire que la musique est si subtile et raccord aux images qu'elle en devient subliminale (le thème des Klingons par exemple est dans un pur style tribal, comme leur apparence).
Cet album est donc je trouve encore meilleur que le précédent dans le sens où il propose une très grande variété de rythmes et de styles musicaux. Il ajoute surtout à la dimension épique convenue, un large pan émotionnel que l'on attendait pas d'emblée ici. Très mélodique, rien ne me semble superflu, médiocre ou redondant. Au contraire tout s'écoute sans lassitude. Un exploit malheureusement que ne réitérera pas Giacchino avec Star Trek Beyond qui me parait plus terne et moins fun.