Star Wars
6.2
Star Wars

Album de Wilco (2015)

Star Wars a été la surprise de 2015 : annoncé sur les réseaux sociaux du jour au lendemain et mis à disposition gratuitement sur le site du groupe, cet album a été un véritable cadeau surprise offert aux fans par le groupe ! Le disque est ensuite sorti en version physique fin août. Si on ne peut qu'admirer et saluer la démarche de Wilco, ce qui rend le groupe encore plus attachant, il faut éviter de remiser son sens critique au placard à l'écoute de Star Wars. Et ce n'est pas évident !


Petite offrande bonus, divertissement gratuit sans lendemain ou véritable nouvel album ? Toutes ces perceptions ont tendance à se confondre à l'écoute de Star Wars. Je pense qu'il faut juste prendre ce que l'album a à nous offrir, sans chercher à justifier son sens mais sans le dédaigner. Le disque a pleinement sa place dans la discographie du groupe (après tout cela fait quatre ans qu'est sorti The Whole Love) mais ce qu'il dégage est à l'image de la manière dont le groupe l'a offert : un cadeau sincère et spontané, sans prise de tête.


Star Wars n'est donc pas un grand album, et il ne cherche pas à l'être. Il est encore trop tôt pour dire la place et l'influence qu'il aura sur le parcours du groupe, mais je pense qu'il continuera à se déguster avec un plaisir simplement coupable, un peu à l'image de Wilco, l'album éponyme sorti par le groupe en 2009. Je trouve quelques similitudes entre ces deux disques, leur simplicité relative, leur décontraction, leur durée plutôt courte, et l'aura mineure qui en ressort vis à vis d'autres monuments du groupe. Sorti de ces considérations, et tout en restant dans un format similaire, Star Wars est beaucoup plus réussi, intéressant et attachant que Wilco (l'album).


La première approche avec la musique de Star Wars peut déconcerter, et pour cause EKG est une introduction horriblement moche et bruitiste. On se dit que ça commence mal, et puis débarque More..., sans doute le meilleur morceau du disque, véritable numéro d'équilibriste entre une saturation caractéristique de l'album et une mélodie sublime, tout en crescendo euphorisant. Mais il y a vraiment quelque chose de particulier qui va se perpétuer sur les autres morceaux : le son est rêche, brut et crépitant, comme si Star Wars n'était en effet rien d'autre qu'un album enregistré un peu à l'arrache, une compilation d'ébauches brutes de décoffrage balancée en pâture aux fans.


C'est en tout cas l'impression que peut donner une première écoute légèrement superficielle. Mais avec un peu de recul, ce serait oublier certains morceaux de The Whole Love qui amorçaient déjà une approche du son plus débridée, plus saturée. Même si cela ne saute pas forcément aux yeux au premier abord, on peut donc voir une certaine continuité dans la musique du groupe, délaissant le folk et l'alt-country limpide au profit d'un son plus sec et branlant, moins produit, comme pour ramener de l'incertitude dans une musique qui avait peut-être fini par ronronner (en tout cas avec l'album Wilco).


De manière paradoxale, Star Wars paraît moins ambitieux que The Whole Love alors que ses morceaux explorent des territoires plus originaux et intrigants, et vont plus loin dans l'approche du son crépitant. En tout cas on entend des choses complètement nouvelles pour le groupe, au point de lorgner vers un glam rock indé improbable, à l'image de Random Name Generator et The Joke Explained. Si Marc Bolan était encore parmi nous, il aurait sans doute fini par écrire un truc dans le genre. Les meilleurs morceaux sont toutefois ceux qui utilisent la saturation si typique de l'album pour créer une ambiance unique, le plus souvent hypnotisante et entêtante.


J'ai déjà mentionné More..., mais la palme du titre le plus ambitieux revient à You Satellite et son tourbillon sonore qui s'étale sur cinq minutes. Et puis je suis un fan absolu du duo Cold Slope / King of You et de ses guitares pataudes et lancinantes, King of You sonnant comme un écho d'un autre âge à la mélodie de I'm The Man Who Loves You. Il reste également des titres classiques plus évidents et mélodiques, comme le bucolique Taste The Ceiling ou le final Magnetized qui ressemble presque à du John Lennon. Mais ce sont des vestiges d'une époque qui semble presque révolue. Une époque où Wilco faisait dans le folk rock avant-gardiste, fabuleusement produit et bourré d'émotions.


C'est sans doute ce qui me manque le plus dans la musique du groupe depuis quelques albums (à peu près depuis l'album éponyme), à savoir une sensibilité que j'aimerais plus palpable, au-delà d'une musique qui a au moins l'audace de proposer de nouvelle choses et qui réussit, malgré tout, à rester toujours aussi intéressante et attachante, grâce à la sincérité et à l'énergie intactes du groupe. A ce titre, si Star Wars peut paraître banal, de par sa sortie surprenante, son format court et sa musique relativement minimaliste, il n'est peut-être pas si anodin que cela. Après The Whole Love, il semble creuser le filon d'un rock saturé mais réfléchi, aussi brut que délicat à cerner. Difficile de dire où cela va mener le groupe à l'avenir.

benton
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le 13 sept. 2016

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benton

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