Strange Moosic
7.1
Strange Moosic

Album de Herman Dune (2011)

Il y a trois ans, avec l’excellent “Next Year In Zion“, Herman Dune couchait pour la première fois sur bande un album pop folk optimiste, majoritairement lumineux, mélodiquement affuté, qui transpirait la joie et la légèreté. A certains moments, même les sourires se faisaient entendre. En 2011, fort d’un succès grandissant et d’un “Strange Moosic” qui n’aura pas manqué le printemps pour bourgeonner, le duo garde le cap de la bonne humeur (le single “Tell Me Something I Don’t Know”), tout en se retournant en quelques occasions vers le rock qui était parfois le sien il y a encore quelques années (”Monument Park”, “Your Love Is Gold”). A l’exception de l’entame précitée, trompeuse mais trait d’union avec un passé récent, Herman Dune s’est ainsi débarrassé des quelques arrangements de ses deux précédents disques qui froissaient un tantinet ses plus vieux adorateurs, pour se replier sur une approche plus humble et authentique, reposant avant tout sur la mélodie, encore véritable pilier de cette nouvelle oeuvre. C’est d’ailleurs quand elle se pare d’un voile mélancolique - plus que lorsqu’elle éclate seulement le temps d’un refrain (”Be a Doll And Take My Heart”, “The Rock”) ou qu’elle se fait trop lisse (”Lay Your Head On My Chest”) - qu’elle est la plus resplendissante, qu’elle enfante des plus beaux titres de cet opus. Illustration sur les magnifiques “Ah Hears Strange Moosic”, “Where Is The Man?” et “My Joy” qui rythment l’éruption de frissons tout en s’ancrant pour longtemps dans les esprits. Mais si les trois se placent au dessus du lot, à aucun moment nous prend l’envie de nous éloigner de cette effusion de chaleur que nous souffle Herman Dune, définitivement incontournable au sein du paysage musical français. (mowno)
Avec son joli titre légèrement à côté de la plaque – jamais Herman Dune n’a touché un tel classicisme, dans l’écriture comme la production –, Strange Moosic, en ces temps de crise, réduit ses effectifs et allège son cahier des charges. Exit donc les cuivres et percussions en cascade qui finissaient par sonner comme du Harry Belafonte, David-Ivar (chant, guitares et claviers), Cosmic Neman (batterie) et Ben Pleng (basse) reviennent sur leurs bases et retrouvent de facto la magie de leurs débuts. Sitôt passé l’introduction du single Tell Me Something I Don’t Know, qui n’aurait pas dépareillé sur The Joshua Tree (1987) de U2, nos trois américanophiles préférés écrivent là un chapitre essentiel de leur histoire. Cette chanson, sur laquelle plane l’ombre majestueuse du grand Bob Dylan, touche à la félicité. David-Ivar y signe un texte, plus poétique et concis qu’à l’accoutumée, d’une lucidité confondante : “Every new band feels like I heard them before”. Un classique, vite suivi par un second, peut-être plus accrocheur encore, qui donne son titre à ce neuvième album officiel : Ah Hears Strange Moosic. Clin d’œil probable à Strange And Beautiful Music, le label de John Lurie, ce blues moderne en ré mineur – comme sur les disques des Silver Jews, les accords sont ici tous retranscrits – active le palpitant. Et s’il faut bien tout Be A Doll And Take My Heart pour s’en remettre, Where Is The Man? tutoie à nouveau les anges avec son gimmick accrocheur à l’harpsichord. Déjà enregistré dans une version dépouillée par David-Ivar et Quentin Rollet pour le premier single magistral du label Pop In Records – il faudra un jour que ces deux là enregistrent un album complet –, ce brûlot rock deviendra sans doute un moment fort des concerts à venir. Pour la première fois de sa carrière, Herman Dune n’a d’ailleurs pas tenu à roder ses nouvelles chansons sur scène, réservant à son auditoire grandissant leur découverte sur disque. On passera plus rapidement sur les romantiques Lay Your Head On My Chest et Monument Park, pour s’abandonner ensuite à la pedal steel de In The Long Long Run, digne des essentiels Silver Jews, encore et toujours. Assurément, la richesse de la production, assurée par Adam Selzer (M Ward, She & Him) et le groupe à Portland, Oregon, marque une étape importante dans sa carrière. Oubliés les soli à rallonge de David Tattersall qui plombaient parfois Next Year In Zion (2008), David-Ivar profite des divers claviers des Type Foundry Studios (Pump Organ, Wurlitzer, Juno, orgue Hammond) sur les franches réussites que sont Just Like Summer, My Joy et surtout Magician. Soutenu par les voix de Sean Flinn et Rachel Blumberg (The Decemberists), tout ici est subtilement pensé et mûrement agencé. Sans la moindre réserve, on se ruera donc sur cette Strange Moosic, qui voit le plus international des groupes français témoigner son amour pour la culture musicale américaine au sens large, et à qui on rétorque aujourd’hui volontiers… Your Love Is Gold ! (magic)

bisca
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le 28 mars 2022

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