Dhafer Youssef – Street Of Minarets (2023)
Second album millésimé deux mille vingt-trois qui passe entre mes mains, pourtant l’histoire n’est pas si simple, car en fait les bandes qui en sont à l’origine datent d’une dizaine d’années. Le petit plus qui accroche forcément lorsqu’on observe le Cd c’est le « Featuring », les noms qui suivent paraissent incroyables, et pourtant si, c’est bien ça !
Herbie Hancock au piano et au synthé, Nguyen Lê aux guitares, Rakesh Chaurasia au « bansuri », une flûte de bambou, Ambrose Akinmusire à la trompette, Marcus Miller à la basse électrique, Dave Holland à la contrebasse, Vinnie Colaiuta à la batterie et Adriano Dos Santos Tenori aux percussions, je vous avais prévenu…
Et pourtant les bandes avaient été rangées dans un petit coin, Dhafer Youssef, chanteur et joueur de oud, leur trouvait « un manque d’âme » et ne les exploita pas. Mais voilà, cinq années qu’il ne sort pas d’album, la covid peut-être, du coup il réarrange le tout, en compagnie de Rakesh Chaurasia, Adriano Dos Santos Tenori, Nguyên Lê et le producteur Steve Argüelles, et voici le fruit de leur travail…
Dhafer Youssef est un musicien tunisien, après être resté dix années en Autriche il s’est installé à Paris. Il est cependant assez souvent accompagné de musiciens allemands pendant ses tournées. Le titre de l’album « Street Of Minarets » et cette pochette où il est entouré de mégaphones évoquent évidemment l’appel à la prière, c’est également le titre d’ouverture de l’album.
Bien souvent, en matière de jazz, la religion s’invite dans la musique, il faut le souligner car c’est une tendance forte qui a donné naissance à ce « spiritual Jazz » qui plaît tant, auprès des amateurs. Je ne sais trop si cet album est à ranger dans cette catégorie, car il y a quelques passages un peu « funk » assez festifs, mais je pense tout de même que oui, par les titres, la suite « Flying Dervish » et également les influences de musiques tunisiennes ou indiennes, un savant mélange oriental qui semble évoquer les musiques sacrées, par exemple quand l’oud se fait entendre, avec le bansuri.
Pour moi Dhafer Youssef a réussi son pari, je suis bien entendu incapable de vous dire quel a été la mesure du changement effectué entre le premier enregistrement sur les bandes et l’actuel Cd, mais je le trouve bien réussi, enraciné dans les cultures nord-africaine et orientales, un mélange assez planant, spirituel, quelques chose d’évanescent qui évoque à la fois le terrien et les éléments plus éthérés, un mélange inhabituel s’opère ici.
Je peux vous le dire maintenant, j’étais pourtant très méfiant au départ…