Un album que connaissent bien les fidèles de David S.Ware, un de ceux qui méritent vraiment le titre de « spiritual music » si galvaudé et mis à toutes les sauces, l’album d’un homme mais aussi celui d’un extraordinaire groupe qui s’avère sublime à chacun des étages. Le saxophoniste est entouré de Matthew Shipp au piano, William Parker à la basse et Guillermo E. Brown à la batterie. Que des noms déjà cités ici, Shipp et Parker représentent sa fidèle garde d’alors.
1999, l’année d’un grand cru pour David S.Ware qui va tout au long de cet album faire preuve d’un lyrisme exceptionnel, finalement assez rarement rencontré, où alors ce sont les grands noms qui surgissent, ceux qui ont construit la légende, Trane, Albert et Pharoah, rien que ça !
« Peace Celestial » qui ouvre l’album donne le ton et se montre déjà sublime, on ne sait s’il « monte » toujours plus haut, ou s’il « creuse » encore et encore… Mais, escaladant les cimes ou forant toujours plus profond, entre les anges célestes et les anges déchus des enfers, ma courbe me pousserait plutôt vers le haut, bien que le regard plonge vers le bas…
David grogne avec hargne, c’est un fougueux, il aime plonger dans les graves et remonter la pente, explorer en prolongeant le flux, avec détermination, il a trouvé le « son » fleurtant avec les dissonances et prolongeant dans le feulement et le cri. L’album en entier est porteur de cette densité.
Deux reprises ici, "Sweet Georgia Bright" de Charles Lloyd et "African Drums" de Beaver Harris, ce dernier titre clôt l’album de façon dantesque, épique, dix-sept minutes de feu, mais il serait injuste de ne pas signaler les titres signés par le leader «Peace Celestial», «Theme of Ages», « Glorified Calypso » et «Surrendered» qui sont tous taillés dans l’airain, alliage forgé entre le monde des profondeurs et celui des airs…