Quoi de plus pertinent qu’une musique qui soupire pour Suspiria ? Rares sont les bandes originales qui semblent animées d’un souffle de vie, aussi maudit soit-il – il l’est ici assurément –, et Suspiria en fait partie sans le moindre doute. Un démon souffle à l’oreille de Goblin de sorte à proposer les accords et textures les plus terrifiants et déstabilisants que la musique de film ait connus. La voix de la Mère soupirante accompagne chaque titre mais ne trouve nulle présence plus traumatisante que dans « Witch ». À grands renforts de sonorités électroniques où s’assemblent et se désassemblent des sons comme un monstre se désarticulerait à mesure que son pouvoir s’accroîtrait, Goblin réécrit la composition musicale d’un film et confère au long-métrage une identité, un cachet de bizarrerie malaisante dont on ressort désorienté mais avec la ferme intention de réitérer cette expérience unique et mémorable.