Rashied Ali / Le Roy Jenkins – Swift Are The Winds Of Life (1976)
Dans une certaine continuité avec l’album précédent, "Duo Exchange" en compagnie de Franck Lowe, on reste toujours sur l’idée du duo avec à nouveau Rahied Ali d’un côté, mais son alter ego est le violoniste Leroy Jenkins, l’album est paru à nouveau sur le label « Survival », mais cette fois-ci en 1976.
Un projet vraiment étrange, le duo batterie versus violon ressemble à une gageure, le truc qui ne devrait pas exister, tant les deux instruments semblent éloignés, distants, presque opposés. C’est vrai, mais les deux musiciens sont proches, se respectent et même s’admirent l’un l’autre, alors, pour le meilleur ou pour le pire, l’album se fit.
Il y avait cette particularité tout de même qui arrangeait les choses, Leroy Jenkins n’est pas un violoniste comme les autres, il joue le blues et le jazz. Son jeu s’encanaille vite, il ne recherche pas la pureté, ni même l’élégance ou la brillance, un côté un peu « sale », à côté et divergeant lui convient bien, il est virtuose, bien sûr, mais ce qui compte avant tout c’est le feeling, le ressenti, la note juste, même si elle grince et couine un peu.
Rashied est prêt à l’aventure, il fait confiance au violoneux son ami, qui compose ici les quatre titres, car ce dernier a beaucoup de cordes à son violon. Alors, Rashied s’inscrit dans la longue histoire des grands batteurs du jazz, il fait remonter le son des anciens et la délicatesse des meilleurs, entre Max Roach et Ed Blackwell, il fait sonner sa batterie comme si elle chantait, légère et souple, comme une liane qui accompagne les cordes du violon, frappe la peau des tambours pour les faire vibrer, afin qu’en sortent les larmes du blues et les rythmes jazz !
Ainsi ce trop court album devient-il à son tour une grande et belle référence de la musique noire américaine, en ce qu’elle a de plus libre et de plus belle.