Bennie Maupin, Adam Rudolph – Symphonic Tone Poem For Brother Yusef (2022)
Encore un hommage, mais cette fois-ci envers Yusef Lateef, c’est en effet le centième anniversaire du vénérable musicien qui a été fêté en deux mille vingt. Ce tribute en cinq mouvements a donc été composé par Adam Rudolph et Bennie Maupin, à l’origine ils répondaient à une commande de l’« Angel City Jazz Festival ». Ici la pièce est jouée en studio d’enregistrement.
Bennie est, tout comme Yusef, multi-instrumentiste, il joue ici de la basse clarinette, du saxophone soprano, des flûtes diverses, en bois, alto et basse. Adam Rudolph joue des claviers, différents tambours, de la harpe d’origine pygmée, des cloches, du piano à pouces des tas de percussions et des machines aussi, je n’énumère pas tout, car la liste est très longue.
Adam Rudolph laisse un petit mot sur la pochette de l’album à propos de cet « être lumineux » qu’était Yusef, il loue ses qualités de musicien et de professeur. Il raconte également que vers la fin de sa vie, Yusef aimait dire : « Avez-vous remarqué les feuilles qui vous saluent ? Il est temps d’y répondre »…
Bennie et Adam n’ont pas choisi le ton de l’exubérance et de la passion, bien au contraire, ce poème symphonique joué par le duo est tout en calme et sérénité. Une musique apaisée, d’accompagnement et de lumière. Une musique de voyage me semble-t-il, comme un chemin qui s’ouvrirait vers un ailleurs, mystérieux, serein et paisible.
Il ne faut chercher ici aucune virtuosité, mais de la rareté et de la tenue, avec de la gravité également, une musique rare, créée par le saxophone qui est triste et se plaint, et par les sons venus du monde entier, dont joue Adam avec parcimonie, en quête du juste moment. C’est vraiment l’album de la bonne mesure, du ton approprié et de la douleur contenue : sobriété et dignité.