Je suis plutôt sur la réserve avec cette 3ème par Rouvali...
Surtout le dernier mouvement (je ne parlerai que de celui-ci), certes difficile à diriger, tout doit être minutieux et savamment dosé pour arriver aux accords finaux. Il faut jouer des nombreuses indications de flexibilité de tempi et de fluctuations de niveaux sonores, par tuilage, pour que cela fonctionne et que l'équilibre ne se rompt pas avant la fin.
3ème mouvement : https://www.youtube.com/watch?v=1fp_hqX1cJQ
Ici, dans le moderato initial, les changements de tempi indiqués ne sont pas assez marqués, voire pas respectés, puis le passage à l'allegro est trop lent. La deuxième partie n'est pas assez incisive (je n'attends pas forcément les éruptions d'un Bernstein, mais quand même...), cela évolue peu à mon goût. Concernant ces deux parties, il faut écouter tous ces détails chez Leif Segerstam avec Helsinki par exemple, un autre monde ! (changements de tempi chez Segerstam, passages du tranquillo au a tempo : https://youtu.be/2ZST63q-vGM?si=anSgbVLqfzuPHb4J&t=1558).
Enfin le dernier thème et ce long crescendo : l'équilibre est délicat à trouver, et ici je trouve qu'on décroche un peu trop vite...
Le "a tempo" est beaucoup trop lent ! (ici : https://youtu.be/1fp_hqX1cJQ?si=j7zyS1PwgSVhpFi0&t=281)
Je ne comprends pas vraiment ce choix maniéré (à la Berglund parfois), puis ça accélère d'un coup, c'est trop fort, trop vite, je comprends alors que le crescendo ne pourra plus se déployer comme il le devrait. Cette même ascension chez Järvi père, dans la première intégrale BIS, est une belle référence en la matière, il gère beaucoup mieux ce crescendo jusqu'à son apogée, sublime.
Fin du 3ème mouvement dans la version de Neeme Järvi : https://youtu.be/XCoQDTFbwbs?si=1EreRkrmhqK0YsS-&t=384
Neeme Järvi donne l'impression que ça ne s'arrête jamais, les choix d'accélération et d'accentuation arrivent à des moments plus stratégiques. Ces derniers appels de cors ! On croit qu'on arrive au bout, mais il trouve encore de la ressource pour nous mener jusqu'aux accords finaux...alors qu'on est déjà à court de souffle chez Rouvali.
Le son du disque n'aide pas, le bas est trop poussif, le mastering douteux : la première "explosion" avant la deuxième partie est écrasée par la compression, tellement dommage ! Car là où Rouvali brille sur ce disque, c'est sur la tenue et la beauté de l'orchestre, à défaut de savoir à mon sens donner un vrai souffle à l'ensemble de la structure sibélienne.