Wie schön ist es, zu leben
"Qu'il est beau de vivre", ainsi s'exprimait en guise de postlude à une répétition le chef d'orchestre Ferenc Fricsay (1914-1963). Fauché par la maladie alors que les portes du monde entier...
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le 13 janv. 2018
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John Eliot Gardiner, brillant chef britannique, après avoir exploré Bach, Mozart, Berlioz, Beethoven et Schumann, s'attaque à un autre grand monument du répertoire : les quatre symphonies de Johannes Brahms, compositeur pivot du romantisme allemand au dix-neuvième siècle.
Cette fois, Gardiner va encore plus loin : si avec ses remarquables intégrales Schumann et Beethoven (parues chez Archiv Produktion) il montrait une interprétation fidèle et soignée, parfois un peu rigide, il aborde Brahms en se basant, avant toute chose, sur la vocalité de l'écriture. Il met également en lumière l'admiration qu'avait Brahms pour les auteurs du passé, soit quelques deux siècles et demi de musique : Monteverdi, Gabrielli, mais aussi Johann Sebastian Bach, ou plus proche de lui, Beethoven et Schubert. Ce sont tout simplement quelques codes de la musique ancienne qui imprègnent la musique de Brahms : le contraste legato-staccato, les pleins et déliés qui donnent le relief aux contours mélodiques y trouvent tout leur sens et leur épanouissement.
Gardiner souligne en interview (entretiens avec Hugh Wood, essentiels pour ceux qui souhaitent aborder Brahms autrement) que lorsqu'il a fallu retrouver l'instrumentarium d'origine (cors transpositeurs, hautbois viennnois de l'époque), chacun des musiciens est devenu en quelque sorte un "détective" finissant par trouver ce qu'il cherche. Le vibrato "passe-partout" des orchestres modernes est remplacé par un jeu favorisant l'expression de l'archet, donnant un meilleur relief aux thèmes, à la polyphonie et au contrepoint de Brahms.
Le sommet est atteint avec une Troisième Symphonie incroyablement rythmée, qui ne s'arrête jamais telle un fleuve coulant tranquillement et majestueusement (je pense au Rhin qu'a si merveilleusement décrit Schumann), précédée par quelques pièces chorales judicieusement choisies, dont le touchant "Es tönt ein voller Harfenklang" de 1862, premier de quatre lieder pour cors, harpe et voix de femme. Intéressante combinaison pour une pièce écrite par un auteur qui, à l'aube de ses trente ans, cherche déjà une issue vers une nouveauté dans l'écriture sans pour autant renier le passé.
Je vous conseille fortement cette intégrale, un vrai baume au coeur et aussi une très bonne alternative aux enregistrements modernes parfois trop teintés de pathos ultra-romantique et d'une esthétique sonore parfois trop épaisse.
Créée
le 29 avr. 2016
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le 29 avr. 2016
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Bon, je sais, le scénario est un peu fleur bleue, il donne l'impression de "déjà-vu", mais comment ne pas passer à côté de ce film culte pour des générations d'adolescentes ? Je vais être bref :...
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le 19 mars 2016
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