Du passé faisons table rase
Tabula Rasa. Cela fait 4 ans que Neubauten n'a pas sorti de disque et cela s'entend. Bargeld et son groupe se sont cherchés. Ils sont partis à la découverte d'autre chose, ailleurs avec leurs expériences. Bargeld pense que l'indus peut devenir... chic. Un affront pour lui-même et pour le public qui le suivait depuis le début. Mais la collaboration avec Nick Cave a porté ses fruits, ce dernier ayant lui-même emprunté un chemin plus... mélodique et tout aussi puissant.
Neubauten devient "écoutable", diffusable. Sacrifié sur l'autel de la Très Sainte Consommation et de la Soeur Démagogie ?
Non. Un non catégorique. Certes Neubauten cherche à faire des tubes mais je n'ai pas trouvé cela éloigné de leurs conceptions et de leurs thématiques habituelles (bien qu'elles s'élargissent).
Voilà comment se passe le disque, ils refont les murs sans bouger les fondations, à l'image de Berlin qui voit sa démolition et sa reconstruction, sa division et sa réunification, tout en trouvant une normalité historique à chaque fait... C'est une respiration inspirée et aiguë. C'est le souffle de l'ange du progrès penseront-ils plus tard. C'est comme ça que cela se passe : Neubauten fait table rase et conjure l'omniprésence des démons par des incantations magiques et percutantes.
Ils ne se privent de rien au contraire, ils signent, ils se sont enrichis, capable de faire place nette comme de revenir aux fondamentaux. La clairvoyance en plus.