Taranta
7.2
Taranta

Album de Mina Tindle (2011)

Le geste pop parfait : conjuguer légèreté et ambition, comme la jeune génération américaine en a pris l’habitude depuis quelques années. Enfin, c’est arrivé près de chez nous. Le premier album de la Parisienne Pauline De Lassus s’est fait attendre. Le désir attisé par des beaux concerts, seule ou bien accompagnée, un 45 tours (The Kingdom, 2009) et un EP à l’automne dernier. Et l’intuition qu’un air vivifiant était sur le point de souffler sur la pop d’ici. Enregistré au fil des deux dernières années, Taranta tient ses promesses avec une grâce et une inventivité étonnantes. Porté de bout en bout par une voix et une écriture agiles, le disque impressionne en premier lieu par l’attention portée aux arrangements, sophistiqués, surprenants, engageants. En ouverture, la faussement nonchalante Bells donne le ton, enroulant patiemment arpèges de guitare, percussions, clavier et chœurs autour de sa mélodie entêtante. Sur les chansons les plus enlevées, la formule est magique et délicatement explosive : le single To Carry Many Small Things et Too Loud partagent le même allant mélodique, entre voix démultipliée, claviers bondissants et beau travail sur les percussion, parfois à mains nues. Partie vaillamment dénudée, Lovely Day finit habillée pour le printemps, avec cuivres et harmonies vocales en tourbillon. Même plus dépouillées, les orchestrations ont une délicatesse incroyable (Echo, The Good ou l’art du détail). Mina Tindle défie sans cesse le confort, dissémine de courtes pièces à l’étrangeté charmante (Time Writer, Ukulele, Alegria) et jette quelques œillades du côté des minimalistes américains, sur l’immense Henry, ambitieuse procession en route vers Beirut. Les mots sont le plus souvent anglais mais résonnent particulièrement bien en français, notamment sur la sublime Pan, où se devine l’influence de JP Nataf, qui a réalisé ce premier album beau et précieux. (magic)


Née de la dernière pluie des french chanteuses à guitare, Mina Tindle a de quoi faire filer haut sa petite étoile. D'abord une voix, juvénile encore et discrètement fêlée, qui la signale avant même qu'on ait trouvé le reste assez ravissant. Puis une manière, plus variée que ne le laisserait penser toute étiquette, de présenter sa personne entière en dispersant les sources et ouvrant des pistes.Chaque premier album est une promesse et un bilan. On range sa chambre de jeune fille en restant fidèle à ses chers désordres : souvenirs d'amours fugaces, cartes postales, boîtiers de CD, listes... Musicalement aussi, Taranta (du nom d'une danse des Pouilles) est un « scrapbook ». Ici, Mina Tindle chante pour sa lampe de chevet, avec juste un vent de violoncelle dans les cheveux (Echo). Là, elle voudrait être une bande de filles à elle toute seule (Too loud). Use et abuse parfois des boucles ou des yodels à la Kate Bush. Quand elle vole au-dessus des nuages, cela donne To carry many small things, ritournelle entêtante, radieuse, avec piano, claps de mains et son riki-tak (un peu Elli et Jacno, génération bio). Ou The Good, une ballade simple à tomber, dont le feu pourra couver longtemps.Bientôt viendra l'heure des choix. Le talent de Mina Tindle sera moins en jeu que sa capacité à bien s'entourer. Taranta bénéficie du parrainage de JP Nataf, dont on sent la patte à certaines aspérités de la production et sur l'écriture de Pan, l'un des deux titres en français. Comme ailleurs, la voix est là, présence amie déjà. Qui peut deviner la route qu'elle prendra demain ? (télérama)
On l’a aperçue dévoiler ses chansons devant le rideau de la Cigale, entre deux concerts du dernier Festival des Inrocks. On l’a repérée, le temps d’un joli single et de quelques heureuses collaborations avec JP Nataf, à qui elle a finalement confié les manettes de son premier disque. Mina Tindle est une jeune musicienne française, mais sa famille spirituelle habite de l’autre côté de l’Atlantique – elle a d’ailleurs séjourné à Brooklyn, où elle a fait partie d’un groupe. Cousine futée de Regina Spektor, soeur discrète de Feist, élève appliquée de Sufjan Stevens : la chanteuse pourrait revêtir toutes ces étiquettes, tant son écriture part cabrioler dans les prairies du folk luxuriant. Pour autant, sur Taranta, elle évite le piège du copier-coller, s’inspirant du jeu des plus grands pour déballer à son tour une écriture singulière, étincelante. Sur le vertigineux Pan, qu’elle chante en français, elle atteint ainsi des sommets de raffinement pop. Même élégance quand elle s’empare d’un Time Writer sinusoïdal aux rythmiques tribales, ou qu’elle se fait, toute seule, chorale mélancolique le temps d’un To Carry Many Small Things dévastateur. Taranta doit son nom à la tarentelle, danse traditionnelle de la région des Pouilles. Eh bien, dansez maintenant… (inrocks)
bisca
7
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le 10 avr. 2022

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