Un premier album, Leave no trace, a démenti son titre, murmuré de bouche à oreille : ses traces n’ont pas été balayées par la marée suivante de jeunes hommes à guitare. Peut-être parce que Piers Faccini, l’Anglo-Italien des Cévennes, a le don de faire corps avec sa musique et lui donne parfois la plus précieuse des simplicités, celle qui s’élabore. Comme déçue de n’être ni l’eau qui polit la roche, ni le vent qui dénude les arbres, cette musique travaille à devenir élémentaire. Tearing Sky égrène sous un calme trompeur les quatorze stations d’un chemin de terre sinuant dans la broussaille. Sur fond de ciel d’orage, on y cherche un feu sacré. Quand elles ne se brisent pas comme la vague, les chansons de Piers Faccini voudraient s’enfoncer dans la nuit de quelque rituel sorcier, avec chœurs nègres et percussions. Dans les moments les plus secrets du disque – les plus doux –, des larmes salées coulent (The Taste of tears), un amour mûrit comme les blés (Come the harvest), un homme rêve en marchant (The road’s not long). Avec sa belle gueule poétique, Faccini aurait de quoi jouer les Jeff Buckley. Mais ce n’est pas le genre de la maison, et son chant reste obstinément réservé, en dedans. Entouré d’amis comme Ben Harper et son producteur J.P. Plunier (l’album est enregistré en Californie), il pourrait flairer le filon à suivre. Il ira sa route à lui, n’en doutons pas. FG
Le parcours de Piers Faccini est frappé du sceau de la singularité : commandé par une exigence sans bornes, Faccini est longtemps resté un musicien d'intérieur, peaufinant ses chansons derrière les murs de son domicile londonien. Peintre figuratif sans école, il n'était alors connu que dans le milieu de l'art. Pourtant, Faccini l'ascète a eu très tôt le désir d'être traversé corps et âme par la musique : cette morale jusqu'au-boutiste, il l'a acquise à la fin de l'adolescence, sur les bancs d'une université incomparable, celle du blues. Il a trouvé chez Skip James ou Mississippi John Hurt une beauté brute et universelle que la pop n'avait pas su lui offrir. Faccini sort son premier disque en 2004. Produit de main de maître par Vincent Segal et réalisé par des musiciens aux doigts fins (dont Sébastien Martel), Leave No Trace révèle l'envergure expressive d'un homme qui, dans son écriture comme dans son chant, conjugue intimisme et intensité. Depuis, son langage sans frontières, cristallisant le meilleur du blues, du Brit-folk, des musiques de l'Ouest africain et de la chanson napolitaine, a encore gagné en limpidité et en ampleur. Dans Tearing Sky, enregistré à Los Angeles avec le concours de Ben Harper et de son entourage, Faccini explore avec un égal bonheur les doux vertiges de l'introspection et les folles ivresses de la transe. Tearing Sky montre surtout la liberté de man'uvre d'un créateur en mouvement, d'un musicien de passage bien décidé à porter toujours plus loin la parole ancestrale du blues et du folk. (Inrocks)
Entre austérité et souplesse, le magnifique Leave No Trace (2004) avait révélé Piers Faccini en ombrageux solitaire, promenant son spleen aux frontières du folk et du jazz. Attendu avec impatience, Tearing Sky peine à retrouver ce souffle mystérieux et ennuie un peu plus souvent qu'il n'envoûte. Parfois tout se joue à un détail (la batterie trop appuyée de Window Of The World), parfois on tourne simplement en rond sur des sentiers trop balisés, ces chemins de grande randonnée déjà empruntés par Jeff Buckley ou Ben Harper (The Road's Not Long, Talk To Her, produit comme le reste du disque par JP Plunier, le responsable du son Harper). Surtout, l'inspiration de Piers Faccini vient se heurter à une triviale réalité comptable : Tearing Sky est trop long, lesté par quelques morceaux sans intérêt sans lesquels l'affaire aurait pris une tournure bien différente. Car la magie opère ici régulièrement à un degré supérieur, dans le déploiement serein de mélodies sublimes : fragile Each Wave That Breaks accompagnée d'un harmonium, poignante The Taste Of Tears, sobre et sèche comme le meilleur de Spain. Avec retenue et élégance, Faccini chante comme un vieux sage, d'une voix voilée mais dense, chargée d'expérience et de secrets. Ce chant si particulier et certaines inflexions rythmiques ou instrumentales (la guitare de If I) installent au-dessus de Tearing Sky quelque chose d'un peu mystérieux, qui aurait à voir avec l'Afrique et un lien ancien et viscéral au blues et au gospel. Un sentiment diffus qui s'évapore aux premières longueurs d'un disque inégal mais assez puissant pour créer par endroits de la beauté et de l'émotion durables. (Magic)
Il faut bien se rendre à l'évidence, en deux albums, dont un premier discret mais remarqué ("Leave no Trace"), l'Anglo-Italien au charme ténébreux est devenu la nouvelle coqueluche des rédactions. Sa gueule d'ange, sa voix de velours (à la Nick Drake) et son folk œcuménique ont tout pour séduire un large public déjà conquis par les volutes soul de Ben Harper et de Fink. Contrairement à son petit frère, "Tearing Sky" a été conçu sous le soleil californien avec des moyens importants. Cette fois, Piers Faccini s'est offert les services de JP Plunier (Ben Harper, Jack Johnson), producteur qui l'a intronisé auprès de la star et de ses musiciens venus lui prêter main-forte. Et cela s'entend. De ce disque habité s'échappe une ferveur particulière : les tempos tournent au ralenti battant pesamment la mesure, les orgues d'église figent l'espace, les basses groovent en finesse, si bien que le disque avance à petits pas de velours comme une procession. L'autre ingrédient important n'est autre que la présence de Ballaké Sissoko, virtuose de la Kora qui illumine l'album de ses notes cristallines. De ces croisements, la musique de Faccini a gagné en épaisseur et en richesse abordant des territoires nouveaux que le premier disque ne laissait pas présager. Elle impose une écriture racée et poétique - largement instinctive aussi - qui puise aussi bien son inspiration aux sources du Mississippi que sous l'arbre à palabres d'un village africain. Le disque, quoique longuet et parfois monotone, fait briller des pépites comme "Sharpening Bone", "If I" ou "Fire in My Head" qui résument à elles seules toutes ces qualités. Hier songwriter romantique, aujourd'hui griot world inspiré, Piers Faccini a réussi une mue saisissante au contact de ses nouveaux maîtres à penser en trouvant peut-être sa nature profonde. Il a, en revanche, perdu une forme d'humilité et dépouillement qui ne lui allait pas si mal non plus. Il a aussi trouvé dans le confort de la production un son ouaté parfois soporifique. Si "Tearing Sky" est incontestablement l'album de la reconnaissance artistique, espérons qu'il soit aussi une étape vers d'autres mutations et pas seulement la formule magique destinée à plaire aux ondes fades de FIP et aux légions de fans du dieu Harper !(Popnews)
Après avoir débuté sa carrière à Londres avec le groupe de folk Charley Marlowe, réservé aux initiés, ce n’est qu’en 2004 que Piers Faccini, artiste complet puisqu’il est aussi peintre, sort un premier album très prometteur "Leaves No Traces". C’est donc avec un plaisir non dissimulé que nous retrouvons son timbre chaud et envoûtant sur ce "Tearing Sky".Faisant le lien et parfois le grand écart entre ses influences, Faccini joue les funambules romantiques entre ballade folk, griot, blues, conte celte, sérénade napolitaine… En prenant son temps, cet italo-britannique vivant en France lorgne clairement de l’autre côté de l’Atlantique et, en un souffle et trois notes de guitare ou de Dobro, séduit au ravissement. Ici une mandoline pour la romance (Sharpening Bone), là une kora qui s’égrène au soleil (If I, Talk To Her), les chœurs complices d’Inara George (à qui l’on doit un excellent album sorti, lui aussi, chez Bleu Electric) et un certain… Ben Harper (Each Wave That Breaks)... Si les arrangements sont sans complaisances, c’est pourtant lorsque Piers Faccini passe a capella (Uncover My Eyes) ou presque ( Walk Over To You) que l’on comprend où se cache la magie de cet album… Perdu dans les vapeurs d’une fumée volatile, le regard glissant sur la pluie de ce dimanche après-midi, les mélodies mélancoliques de "Tearing Sky" sont de celles qui accompagnent les moments de solitude un peu sombres. Ce songwriter porte en lui une douce chaleur qui nous aidera en attendant des jours meilleurs… et bien longtemps après pour quelques frissons supplémentaires. (indiepoprock)