Televise
8.3
Televise

Album de Calla (2003)

Aucun besoin de faire du bruit, de jouer vite ni même de crier pour susciter un sentiment d'urgence. Pour donner naissance à une musique dangereusement vitale. Aurelio Valle (chant, guitare), Sean Donovan (basse, clavier) et Wayne Madruger (batterie), réunis depuis la fin des années 90 sous le nom de Calla, l'ont parfaitement compris. En témoigne ce (déjà) troisième album imaginé par ces Texans installés en plein coeur de Brooklyn. Bien loin du wawknwall méchant qui sévit de nouveau dans la Grosse Pomme, ce groupe énigmatique a donc préféré le silence, les notes espacées, les tensions suggérées, les mélodies opiacées. Pour cela, on serait tenté de rapprocher Calla de Codeine, autre trio fondamental, dont le seul tort fut d'être né trop tôt et d'avoir eu à se débattre sans succès au milieu de formations grungesques aux bras trop gros avant de périr étouffé. Entre crépuscule bleuté et aurore argentée, les dix compositions ici présentes imposent ainsi leur fragilité avec majesté, plongent l'auditeur dans un trouble angoissé. Avec sa dimension mélodramatique (l'intro de Astral, tout bonnement renversante), sa nudité sobrement magnifiée par quelques touches d'électronique abstraite (As Quick As It Comes/Carrera et sa rythmique façon battements de coeur), son minimalisme en forme de trompe-l'oeil (Surface Scratch, très beau final acoustique), cet album aurait tout aussi bien pu être l'oeuvre d'un Radiohead sous perfusion, luttant pour ne pas s'évanouir. Mais, surtout, finit par être est l'un de ces (désormais trop) rares disques qui donnent une indicible envie de devenir insomniaque. (Magic)


Entre le recueillement des fidèles à l’église et la furie des punks au fond du garage, immaculée, vibrante, terroriste, introvertie, explosée, la musique de Calla est tout cela à la fois. Quand j’ai vu pour la première fois le trio sur scène, il était question de bruit et de fureur, de violence mal contenue, de distorsion, de sons assourdissants planants au-dessus du public abasourdi, émerveillé, conquis. Toute l’énergie latente de New York dans un seul et même groupe. On attendait de retrouver cela depuis Television et enfin ça y était, Calla prenait le relais. Avec Televise le niveau sonore baisse d’un cran mais l’énergie est toujours là, difficilement contrôlée, elle bruisse, siffle, s’immisce, passe là où on ne l’attend pas, explose en plein silence, assourdit par sa simple présence, comme sans le faire exprès. Il y a sur cet album le sentiment bizarre d’une révélation, d’une illumination. Après de longues et laborieuses réincarnations Aurelio, Wayne et Sean ont atteint le nirvana, la plénitude et prennent le temps d’expliquer leur parcours en 10 chansons qui racontent leurs épreuves, les succès, les échecs, les retours en arrière. Car sur Televise rien n’est fixe, tout est mouvant (émouvant) le yin et le yang se débattent et parviennent à un équilibre fragile et beau. Le trio se plonge au plus profond de mines obscures et infernales pour en ressortir marqué par l’épreuve mais avec en mains les plus belles pierres précieuses. Hypnotique, irrésistible, surpuissant, envoûtant et enrobé de fumée et de brouillard magique Televise cherche les points communs entre le dépouillement, l’immédiateté du folk et la sophistication, l’envoûtement de My Bloody Valentine.(Popnews)
Encore des new-yorkais ! diront certains. Et ça n'est pas fini Longwave reste à venir. Mais il ne s'agit pas là d'un énième ressuscité de The Strokes. Non. Si vous voulez comparer Calla il vous faudra plutôt aller chercher du coté de The Walkmen, (peut-être à cause de ce son de batterie qu'on croirait enregistrée dans une cave humide et crade) le coté cold wave en moins - encore que quelques programmations discrètes viennent parfois donner une touche "électro" (cf. l'intro de "monument") Les morceaux sont assez lents ou mid-tempos (pour les rock'n'rolliens "strangler" et "televised"), souvent soutenus par une basse envahissante, envoûtante et littéralement poisseuse ("don't hold your breath", "astral"), mais parsemés de sursauts électriques à la limite du noisy. A noter quelques interventions extérieures comme des percussions, quelques notes de piano sur "surface scratch" ou du violon sur "as quick as it comes". Les mélodies ne vous restent, il est vrai, pas en tête pendant des heures mais sont néanmoins excellemment troussées et procure leur lot d'émotions à l'écoute attentive.Le résultat est tout bonnement fascinant et ne quitte la platine qu'en de rares occasions. (liability)
bisca
7
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le 19 mars 2022

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