Tend’M - Une musique trad' urbaine en Centre-France par Messiaenique
Avec le regain d’intérêt pour la musique traditionnelle, il n’est plus si rare de croiser sur scène des instruments anciens. En France, comme un peu partout, les instruments médiévaux font l’objet d’une redécouverte, voire d’une réactualisation : c’est notamment le cas de la vielle à roue. Si l’on doit à Valentin Clastrier la vielle électroacoustique à vingt-sept cordes, peut-être lui doit-on également d’avoir, avec des artistes comme Dominique Regef, remis au goût du jour la vielle, jusqu’aux registres les plus expérimentaux. De son côté, Tend’M, groupe thiernois, favorise le mélange entre musique traditionnelle et urbaine, comme le laisse supposer l’unique album de leur discographie. La formation du groupe favorise les cordes frottées, non seulement avec un duo de vielles mais également un violoncelle et une contrebasse (ou guitare selon les morceaux). Ces Auvergnats-là, fort peu connus, ne sont pourtant pas n’importe qui.
Aux vielles à roue, Anne-Lise Foy et Laurence Pinchemaille sont touts deux lauréates de prix régionaux et nationaux, cette dernière ajoutant une médaille d’or en musique traditionnelle à son palmarès ; elles sont toutes deux membres du Viellistic Orchestra, ce qui explique en partie la nature du groupe Tend’M. Alors que Léonore Grollemund, violoncelliste, multiplie les collaborations avec Patrick Bouffard, Stéphane Arbon s’occupe quant à lui du collectif Les Défrichés en marge de nombreux autres projets. Une musique trad-urbaine en Centre-France, c’est l’occasion pour ces musiciens de talent de mener une démarche proche du Viellistic Orchestra dans un esprit de musique de chambre, celui du quartette à cordes. Une formation plus intimiste qui alterne les reprises de standards et des adaptations de chansons de différents artistes avec des compositions originales, le tout visant à pleinement son sens à l’adjectif « Trad-urbain ». Les mélomanes rétifs à cet esprit du cross-over resteront de marbre, malgré le caractère enlevé de cet album qui arrive à tenir la plupart de ses promesses.
On y trouve un peu de tout : une ambiance très « folklorique », parfois bercée par des chants comme dans « Comptinette » ou « La fille du Roy dans la Tour », réinterprétation d’un chant populaire de la province de Dijon issu d’un recueil de l’ancien Nivernais. Les paroles rendent cette musique presque festive, comme « Indifférence » et sa vielle jouée comme un accordéon ; un hommage certain à Bernard Lubat, auteur des paroles et proche de personnalités comme Barre Phillips ou Michel Portal. D’ailleurs, on a parfois le sentiment que l’improvisation tient une place au cœur de la musique de Tend’M, avec quelques touches de jazz données par la contrebasse dans « Parfum de Gitane », reprise du jazzman tunisien Anouar Brahem. À l’évidence, ce que propose Tend’M dans Une musique trad-urbaine en Centre-France est très accessible et a l’avantage de pouvoir plaire à tous types de publics. Un genre de parti-pris qui n’empêche pas de passer des moments agréables si l’on est amateur de cet instrument magique qu’est la vielle à roue.
http://offthebeatentracklists.wordpress.com/2012/09/11/musique-tendm-musique-trad-urbaine/