That Great October Sound, ou le plus beau son du mois, et des suivants. Car Thomas Dybdahl (inconnu chez nous, lauréat d'une Victoire de la musique en Norvège, pays mélomane) séduit autant par son songwriting inspiré que par ses dons d'arrangeur et d'orchestrateur. Enregistré en grande partie seul à la maison ? qu'on imagine en bois ?, son disque doux, mais jamais mou, donne justement envie de rester chez soi, de préférence seul et tout près de la cheminée. Dybdahl a dû puiser dans le même creuset folk et country que l'Américain Josh Ritter ou ses compatriotes Saint Thomas et Minor Majority, et chante un morceau intitulé John Wayne ; il ne joue pourtant jamais au cow-boy des fjords, aux bottes crottées et aux manières rustres. Soutenue par une production inventive et aérienne, sa voix, digne des plus sensuels organes de la soul satinée, emmène ses émouvantes confessions dans des contrées rarement fréquentées par les chanteurs à guitare. Et quand il ne raconte pas sa vie, ses rêves, ses espoirs et ses amours enfuies, ce jeune homme de 24 printemps met en musique une interview du compositeur d'avant-garde Morton Feldman, montrant que sa culture musicale ne s'arrête pas à Neil Young ou Leonard Cohen, et qu'il voit un peu plus loin que le bout de Stavanger. Velléités expérimentales qui ne distraient pas de l'essentiel : on en connaît qui vendraient père, mère et ampli pour écrire une chanson aussi tranquillement bouleversante que Tomorrow Stays the Same. Un titre en souvenir des temps de vaches maigres et de piétinement, période désormais révolue : aujourd'hui, Thomas Dybdahl se prépare assurément de beaux lendemains. (Inrocks)
On a entendu pour la première fois Thomas Dybdahl à l'été 2003, sur une compilation d'artistes et groupes norvégiens offerte par un disquaire de Bergen. De la vingtaine de morceaux, une poignée accrochait immédiatement l'oreille : "Tomorrow Stays the Same" était de ceux-là. Un an plus tard, on retrouve cette même chanson, que les écoutes successives n'ont toujours pas usée, entourée de onze autres (la dernière se cache derrière un faux instrumental de fin, après quelques secondes de silence). L'album s'appelle ...That Great October Sound, il est sorti en Norvège en fin d'année dernière, a remporté un Grammy local et s'est écoulé à 50 000 exemplaires, ce qui n'est pas négligeable pour un pays de 4,5 millions d'habitants. Imaginez qu'un Français inconnu, porté sur l'introspection et chantant en anglais, vende chez nous 600 000 copies d'un album fauché, enregistré en grande partie dans son salon… et rigolez un bon coup.
Même si on l'a découvert en août, ...That Great October Sound porte bien son titre. Car c'est d'abord de son qu'il s'agit ici : crédité comme l'unique producteur de son disque (qu'il a également enregistré et mixé seul), Thomas Dybdahl avait à l'évidence une idée très précise de ce qu'il voulait, et une étonnante maturité pour son âge - 24 ans d'après sa bio, mais à l'écoute on lui en donnerait facilement dix de plus. Dès les premières notes, on se sent bien, au chaud, bercé par les arpèges de guitare folk, la lap steel, les cordes à l'économie et l'orgue Hammond. Dybdahl a dû s'abreuver aux mêmes sources folk américaines que James Yorkston, les Suédois Hederos & Hellberg, ou ses compatriotes Saint Thomas et Minor Majority, mais il ajoute à ces influences une sensualité presque soul (il a la voix d'ange qu'il faut), un sens des atmosphères qui peut évoquer David Sylvian ou Perry Blake, ainsi qu'un certain goût pour les bidouillages : effets de pleurage, titres enchaînés, faux craquements de vinyle... Le morceau le plus atypique du disque, "Postulate", est ainsi la mise en musique d'une conversation entre Morton Feldman (1926-1987), compositeur américain disciple de John Cage et donc bien éloigné du rock, et un critique musical allemand. Avec "Outro", broderie guitare-orgue, c'est toutefois la seule infidélité d'October Sound au format chanson. Ailleurs, notre homme s'épanche sur ses amours perdues ou ses années de vaches maigres, raconte un rêve post-11 Septembre ou sa vie à Stavanger - le tout commenté dans des notes de livret d'une grande finesse. Alors, coup d'essai, coup de maître ? Peut-être pas, mais ce recueil, dont même les imperfections charment, a tout d'une très belle promesse.(Popnews)
A seulement 24 ans, Thomas Dybdal est déjà l’auteur de trois albums folk qui lui ont valu de nombreux prix en Norvège, son pays d’origine. Il commence cependant à peine à être connu en France, où vient seulement de sortir son remarquable premier album « ...that great October sound », qui ravira les amateurs de Jeff Buckley et de Nick Drake. Enregistré à la maison, arrangé de façon traditionnelle et minimaliste, ce disque ne donne pourtant jamais l’impression de monotonie qui dessert beaucoup d’albums folk. En effet, Dybdal utilise une instrumentation rustique (guitare, orgue Hammond, batterie feutrée, contrebasse, ...) mais variée, réussissant ainsi à créer un climat musical propre à chaque titre. D’ailleurs, tout en écoutant le disque, on pourra se délecter des notes de pochettes, courtes mais passionnantes, où l’auteur nous raconte en quelques lignes la genèse de chacun des morceaux comme l’épique John Wayne, le touchant Adelaide ou encore le magnifique Tomorrow stays the same. Ces brillantes compositions sont de plus portées par un chant juste et délicat, aux délicieuses intonations soul music.En résumé, « ...that great October sound » est un disque étonnamment riche, à la durée idéale et qui dévoile son charme envoûtant au fil des écoutes. La première chanson s’appelle From grace, elle aurait pu donner son nom à l’album lui-même. (indiepoprock)