Immanuel Wilkins – The 7th Hand (2022)
Voici « The 7th Hand » le second album d’Immanuel Wilkins, après « Omega » dont je vous avais parlé avec enthousiasme. Celui-ci est aussi un double LP, mais il est plus court, la moyenne des faces qui tournait autour des quinze minutes sur le premier, se limite à dépasser les dix minutes seulement, il faut donc se lever assez souvent pour alimenter la platine, excepté pour la dernière face qui dépasse les vingt minutes.
Parmi les bonnes nouvelles on remarque la présence de la gracieuse flûtiste Elena Pinderhughes qui jouait autrefois dans la formation de Christian Scott, elle apporte ce petit plus sur les deux titres de la face C, « Witness » et « Lighthouse » qui sont parmi les plus enlevés de ce post-bop qui, hélas, semble assez souvent tourner en rond.
Immanuel Wilkins joue de l’alto en virtuose, Micah Thomas est au piano, ici ou là il sait se souvenir de McCoy Tyner, tant mieux. Daryl Johns est à la basse et Kweku Sumbry à la batterie. Tous les quatre sont de jeunes et brillants musiciens, bien élevés et tout.
Allons directement à la face quatre qui, d’une certaine façon, sauve l’album d’une léthargie qui guettait. « Lift », qui se souvient de John Coltrane, est la meilleure part ici, enfin pour ce qui me concerne. Certes, c’est plus free que l’entièreté du premier disque qui ronronne en jouant une musique que tout le monde a déjà entendu depuis quarante ans, un post bop assez conventionnel qui ne bouleverse plus.
Je ne sais trop si on peut qualifier « Lift » de pièce majeure, mais au moins, elle vibre, secoue et emmène vers un ailleurs. Elle est nourrie d’impros et ça compte, ça dans le jazz ! Elle représente une prise de risque évidente, on lâche prise et on perd pied pour se laisser embarquer et voir vers où pousse le vent… Je ne sais si c’est l’appartenance à Blue Note qui pousse Wilkins vers une sécurité musicale, me semble-t-il, assez mauvaise conseillère.
Bon, un disque sur deux c’est peu pour un vinyle assez onéreux, mais on peut opter pour la version Cd qui me paraît un meilleur choix, car Wilkins est malgré tout un fabuleux saxophoniste.