Sur un morceau magique s'ouvre la carrière de VDGG. : “Afterwards” . ce morceau Hammill le chantera tout au long de sa carrière, d'abord avec VDGG, puis en solo à la guitare acoustique, puis A Capella. Plus large que son esprit hippie, un des rares morceaux “relaxant” sur lequel il glisse aisément. “Et le monde est trop solitaire pour qu'un message s'y glisse....tu trippes” Dur constat sur le mouvement hippie finalement. “Les pétales qui fleurissaient ne sont que du papier dans tes mains, c'était trop beau, ces visions s'évanouissent....” On est loin des Beatles et de “ If you'r coming to san Francisco make sure to wear flowers in your hair”
L'album est ensuite un merveilleux écrin pour sortir la fleur du jardin, la Venus du coquillage, le petit démon de ses enfers. Il y a dans Aerosol les premières angoisses existentielles d'un jeune Hammill à la voix encore adolescente mais pleinement conscient de son potentiel. La musique a parfois les airs de Caravan , surtout au niveau du drum. Sur “Running back” le chant de Hammill plane étrangement au-dessus de la musique et la magnifique flute du mystérieux Jeff fait écho à cette fuite. C'est le seul jam à la flute de toute la carrière du groupe. Quelque part entre la flute de Jethro Tull et celle de Ian MCDonald du premier KC. Le morceau est unique et fond dans Into a Game avec un piano joué par Hugh Banton. Étonnant car c'est le seul album sur lequel Hammill ne touchera pas au piano. Et le jam final entre la guitare acoustique et ledit piano nous fait regretter que Banton n'y ait effectivement pas touché plus souvent. Il est à un niveau supérieur qu'Hammill ne peut atteindre.
Si vous avez la version 1997, vous avez ensuite le bonus : “Ferret and Featherbird” dans une vision embryonnaire et qui reparaîtra plus tard, bien plus maîtrisé, plus fou, plus envolé, sur In Camera. Mais ne boudons pas notre plaisir d'entendre encore Jeff à la flute et de constater le chemin parcouru par Hammill entre les deux versions et musicalement et vocalement. Il est rare qu'un bonus ajoute quelque chose à un album, en général cela affaiblit l'album, pas ici; en fait ce rajout l'élève d'un cran.
Puis le joyeux et mystérieux Aerosol qui d'un seul respir vous tue. Une chanson fort joyeuse pour un sujet aussi morbide. (la chanson la plus courte de toute l'histoire du groupe.)
Black Smoke Yen nous offre une superbe intro de piano avec une basse prédominante (Keith Ellis) et un drum tambourinant fascinant. Le morceau se fond dans Aqaurian dans un autre jam inspiré et nous avons droit à un premier véritable chorus de voix du groupe. Oui nous volons sur les arcs-en ciel et demandons une protection mystique. La chanson est évidemment sur le signe astral du verseau et est une réussite.
L'Octopus s'avance les tentacules sur la basse encore inventive de Keith Ellis et le morceau déraille. Première fois dans une suite de longs déraillements...vers un monstre tentaculaire agrippant. Le groupe jouera longtemps ce morceau en concert. C'est une pieuvre en feu qui a sa place à côté des morceaux heavy de VDGG comme Killer.
L'album original s'arrêtait ici. La réédition sur Fie! nous rajoute le superbe Necromancer et on ne comprend pas qu'il ne fut pas inclus sur l'original. “Je suis celui qui fait l'amour avec les morts” nous chante Hammill. Il connait les secrets oubliés depuis longtemps, il est le nécromancien. Sa voix ici touche à une maîtrise inédite sur l'album, tous les aspects sont couverts : du céleste aux enfers. Magistral.
On ne peut passer sous silence la magnifique basse de Keith Ellis , membre fondateur qui ne fera , qu'un seul album et qui enseignera tant à Hammill sur la démarche artistique à suivre. Celui-ci lui rendra hommage sur PH7 lors de sa mort.
Aerosol Grey Machine est un album fascinant , il renferme une façon de faire que le groupe ne visitera plus, il remplit hautement les promesses d'un premier album fait dans la controverse et en 24 heures. Il rejoint ainsi dans l'esprit le premier Soft Machine. Sa date de sortie en septembre 69 reflète parfaitement la fin de la décade: Il porte l'esprit des années 60 mais augure les années 70.
Le rajout des deux morceaux l'élève à une note supérieure et trace ainsi un portrait beaucoup plus complet du premier VDGG.
Oui tous les fans et les amateurs de prog devraient acheter la machine aerosol grise pour leur maison aujourd'hui !