James Newton – The African Flower - The Music Of Duke Ellington And Billy Strayhorn (1985)
C’est tout au début des années quatre-vingts que je me suis intéressé à James Newton, il faudrait par souci d’exactitude ajouter l’année soixante-dix-neuf qui vit sortir « Crystal Texts » et l’année soixante-dix-sept pour l’album « Flutes! ». Il y a une particularité assez rare concernant James Newton, c’est qu’il ne se consacre qu’à un seul instrument, la flûte exclusivement, alors qu’il était jeune musicien il fit don de sa clarinette basse à David Murray et ne revint jamais sur son choix.
Mais il possède une autre corde à son arc, et elle est d’importance ici, c’est un arrangeur exceptionnel, cet album est un bel exemple de son aptitude dans ce registre. En effet il consacre cet ouvrage à une relecture de certaines pièces du répertoire de Duke Ellington, incluant des compositions de Billy Strayhorn. Pas simplement une relecture actualisée mais bien une réinterprétation en profondeur.
Ce travail se tourne tout de même vers la tradition et n’inclut pas de passages free ou décalés, James se veut très respectueux et, par exemple, la partie vocale sur le titre « Strange Feeling » est synchro avec les vocaux d’époque, tant dans la tessiture que dans le style et le phrasé. Mais il y a un grand plaisir à écouter les solos, de flûtes notamment, ou de trompette bouchée, dans le style « jungle » d’époque.
Le répertoire est sans surprise, vous retrouverez tous ces titres fameux qui ont fait la gloire du Duke « Black And Tan Fantasy », « Virgin Jungle », « Fleurette Africaine », « Cotton Tail », « Sophisticated Lady » et « Passion Flower ». Que des valeurs sûres, peut-être avec l’idée de faire un « coup » commercial, car le répertoire est vraiment sans risque, mais reconnaissons en même temps que l’interprétation est sublime, comme ce « Sophisticated Lady » joué seul à la flûte. Il faut dire que pour le reste James est formidablement accompagné, Arthur Blythe au sax alto, Olu Daara au cornet, sir Rolland Hanna au piano, Billy hart à la batterie, Jay Hoggard au vibraphone, Rick Rozie à la basse, je ne cite que les principaux accompagnateurs, tous des musiciens très largement reconnus.
Il faut dire que lorsqu’il s’agit d’interpréter Ellington, en général il y a des volontaires, car tous les jazzmen américains sont redevables envers le Duke et lui vouent une très grande admiration, il a fait également énormément pour les luttes de la cause noire, déjà par son talent et un « Duke » n’est pas n’importe qui !
Un chouette album qui permet de réviser ses classiques en se faisant plaisir !