http://funkyoudear.com/2010/10/20/sufjan-stevens-the-age-of-adz/
Acteur majeur et fer de lance de la scène folk actuelle, Sufjan Stevens (prononcez Soof-Yahn) nous revient avec un sixième album, The Age Of Adz (prononcez « odz ») dix ans après A Sun Came et cinq ans après Illinois.
Les compositions de Stevens jouissent d'une instrumentation riche. Il peut jouer de tout, mais témoigne une préférence au piano, et davantage encore au banjo. Ses textes nous racontent des histoires, mais surtout parlent de personnes et de lieux dans lesquels il nous emmène littéralement.
Originaire de Detroit, il compose Michigan en 2003 et annonce qu'il entreprend le projet de composer 50 albums : un par état d'Amérique. Ce qui n'a pas manqué de faire sourire, voire d'agacer, lorsqu'il compose pour Illinois 22 titres, et même un album supplémentaire, avec les pistes non-retenues et des versions alternatives : The avalanche, comportant 20 pistes. Parallèlement, il réalise un recueil de chansons de Noël réunis en un coffret de 5 CD.
Ce projet s'avère être une plaisanterie pour Sufjan même, qui se concentre finalement sur différents projets et collaborations. Il donne en 2007 une performance, The BQE qui consiste en un film réalisé par Sufjan lui-même, où l'on voit des danseuses faire du Hula Hoop et des images de l'autoroute Brooklyn-Queens, accompagnées par un orchestre symphonique. L'année dernière il a répondu a l'appel des frères Dessner (The National) avec qui il avait déjà collaboré sur l'album Boxer (2007) – Coopération qui se poursuit cette année avec High Violet – et enregistre pour la compilation Dark Was The Night (2009) une reprise de son ami Castanet You Are The Blood. Un majestueux voyage de dix minutes avec un interlude virtuose de deux minutes au piano. On découvre à cette occasion les expérimentations électroniques qui marquent ses oeuvres suivantes.
Sufjan sort il y a quelques mois un EP de 8 titres All Deighted People, une sorte d'avant goût à The Age Of Adz, et confirme ainsi sa propension nouvelle pour les productions électroniques.
Pour l'illustration de la pochette de son dernier album, Sufjan a choisi l'artiste autoproclamé Prophet Royal Robertson. L'américain mort il y a plus de 40 ans souffrait de schizophrénie paranoïde. Son oeuvre visionnaire apocalyptique illustre curieusement bien l'album : des monstres-robots destructeurs venus du cosmos, des aliens vengeurs, une créature ailée mi-femme mi-serpent annonçant la mort. Un ensemble très coloré et explosif, à l'image de l'album.
Futile Devices ouvre merveilleusement l'album avec guitare puis piano aux cordes étouffées, et chant plutôt sobre pour une entrée minimaliste. Les choses se chargent et se complexifient assez vite avec beats électroniques délirants et envolées vocales enrichies par de multiples effets : échos, vocodeur et même auto-tune. Un arrangement très riche mais jamais écœurant. Les synthétiseurs et les expérimentations électriques s'alternent et se marient avec les choeurs, violons, flûtes et cuivres symphoniques. Le banjo par contre est laissé de côté.
The Age Of Adz est un album qui peut être rapidement apprécié. La ballade electro-pop I Walked est d'une efficacité immédiate. Cependant, de l'attention et plusieurs écoutes reste nécessaire pour que l'on en saissise toute la richesse et la grandeur.
Les compositions deviennent à certains moments presque chaotiques, on retrouve sur Too Much le goût de Sufjan pour les rythmes asymétriques avec des mesures à 7 temps. Le bouleversant et jouissif Vesuvius m'a particulièrement marqué et m'obsède encore. L'album se termine sur Impossible Soul, une odyssée de vingt cinq minutes en cinq parties à lequele Shara Worden, la chanteuse de My Brightest Diamond prête sa voix.
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